« C’est le dernier mauvais coup de Catherine Vautrin », estiment les syndicats, qui ne décolèrent pas. La ministre démissionnaire chargée du Travail a en effet rendu sa décision, en fin de semaine dernière, concernant le sort des quatre inspecteurs du travail stagiaires (ITS) privés de titularisation par le jury de leur promotion, en juillet dernier.
C’est en effet un coup de grâce pour deux d’entre eux, à qui a été confirmé leur licenciement, tandis que les deux autres ont obtenu une prolongation de quatre mois de leur formation. Sans certitude pour autant de ne pas être de nouveau confrontés à un refus de titularisation. Cette décision en demi-teinte d’une ministre sur le départ ajoute au trouble entourant cette affaire.
Après dix-huit mois de formation, dont six sous le statut de stagiaire, pendant lesquels aucune mise en garde particulière n’avait affecté leur parcours, ils avaient appris brutalement, du directeur de l’Institut national du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (Intefp) que tout allait s’arrêter là pour eux.
« Ils paient leur engagement »
Fonctionnaire, l’une des ITS parmi les deux privés de titularisation, dont l’Humanité avait pu, en août, consulter le dossier pédagogique montrant des résultats satisfaisants, parfois même au-dessus de la moyenne de la promotion, n’aura d’autre choix que de réintégrer le corps des secrétaires administratives, alors même qu’elle avait déménagé à l’autre bout de la France dans la perspective de sa nouvelle affectation. Pour son collègue non titularisé, le préjudice est bien plus lourd. Il se retrouve aujourd’hui sur le bord du chemin.
« Les dossiers sont vides, aucun élément ne justifie une mesure de cette violence », dénonce Simon Picou, membre du bureau national de la CGT-Tefp (Travail, emploi, formation professionnelle), qui pointe, à l’unisson de la vaste intersyndicale mobilisée pour défendre les quatre stagiaires, les nombreuses zones d’ombre derrière cette décision « qui ne doit rien au hasard ». Selon lui, nul doute : « Ces collègues paient leur engagement au bénéfice de la promotion, de la défense des conditions matérielles. »
Trois d’entre eux étaient en effet syndiqués à la CGT et avaient participé à plusieurs luttes et journées de grève pour dénoncer des dysfonctionnements au cours de leur formation, tandis que le troisième, bénéficiaire de la reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH), s’était également fait remarquer en pointant les défaillances de l’école en termes d’accessibilité pour ses collègues porteurs de handicap.
« S’il s’agit d’une mesure disciplinaire, ils auraient dû avoir la possibilité de se défendre. S’il s’agit vraiment d’une défaillance professionnelle, pourquoi s’opposer à ce qu’ils aient quatre mois de plus de formation ? » interroge Cécile Clamme, responsable CGT du ministère du Travail, qui compte porter le dossier auprès du successeur de Catherine Vautrin et, si nécessaire, devant le tribunal administratif. En attendant, déplore la syndicaliste, « ces collègues qui étaient attendus par leur service d’affectation ne prendront pas leurs fonctions. Quatre postes resteront vacants ».
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