Non content d’avoir donné le point à l’extrême droite avec sa loi immigration de 2023, Gérald Darmanin accrédite sa thèse de l’empêchement en vue de la présidentielle à l’occasion du procès du Rassemblement national dans l’affaire des assistants parlementaires. Alors que le parquet a requis, mercredi 13 novembre, une peine de 5 ans de prison dont trois ans avec sursis et de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire contre la cheffe de file des députés RN, « il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et, ainsi, ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français », a estimé l’ex ministre de l’Intérieur.
« Si le tribunal juge qu’elle doit être condamnée, elle ne peut l’être électoralement, sans l’expression du peuple. N’ayons pas peur de la démocratie et évitons de creuser, encore plus, la différence entre les “élites” et l’immense majorité de nos concitoyens », a-t-il ajouté sur X, expliquant que « combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs ».
Peu importe pour celui qui a été nommé place Beauvau alors qu’il était lui-même l’objet d’une procédure judiciaire que la loi Sapin II prévoit des peines d’inéligibilité obligatoires de cinq ans en cas de condamnation d’un élu. Certes le tribunal pourrait tout de même décider de renoncer à cette automaticité mais il devrait alors motiver sa décision, qui pourrait être interprétée comme un passe-droit.
« Personne n’est au-dessus des lois, et pas Madame Le Pen »
Surtout, Gérald Darmanin embraye sur la rhétorique déroulée par le RN lui-même sur une justice politique dont l’objectif serait d’empêcher sa candidate de se présenter en 2027. « La seule chose qui intéressait le parquet, c’était Marine Le Pen. Marine Le Pen, pour pouvoir demander encore une fois son exclusion de la vie politique, avec exécution provisoire, et puis le Rassemblement national pour pouvoir ruiner le parti. On a bien compris cela, en tout cas, moi, j’ai bien compris cela, ce que j’espère, c’est que le tribunal ne suivra pas », a ainsi réagi la principale intéressée une fois les réquisitions connues.
Le tweet de l’ex ministre n’est pas passé inaperçu à gauche. « Il serait profondément choquant que Monsieur Darmanin soit ancien ministre de l’intérieur et, ainsi, défende une justice à deux vitesses avec des peines planchers pour certains et l’impunité pour d’autres. Combattre le RN ça suppose aussi d’être ferme sur les principes du droit », a par exemple répliqué le député socialiste Arthur Delaporte.
Même à droite, la sortie fait grincer des dents. « Gérald Darmanin n’aurait pas dû dire cela, surtout un ancien ministre de l’Intérieur. Personne n’est au-dessus des lois, et pas Madame Le Pen », a reproché le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, sur RTL jeudi. « Je trouve profondément choquant de commenter une décision de justice », a également déclaré, sur Public Sénat, la ministre chargée des Relations avec le Parlement Nathalie Delattre.
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