Pour Me Patrick Maisonneuve, avocat de la partie civile, Marine Le Pen n’aurait pas seulement décidé qui seraient les assistants parlementaires des eurodéputés FN/RN dans le but de détourner l’argent du Parlement européen. Elle aurait aussi dicté, pendant cinq semaines, la défense de l’ensemble des prévenus de ce procès.
« On a dit ici que le parti FN et RN était ”culturellement” centralisé, hiérarchisé, et Marine Le Pen disait, ”si effectivement les informations remontent à la tête (du parti) c’est qu’on a cette culture de la centralisation”. Mon sentiment depuis le 30 septembre (début du procès, NDLR) c’est que la plupart des prévenus m’ont semblé parfois assez prisonniers d’un système de défense collectif qui devenait parfois absurde, avec des pertes de mémoires répétées », a développé le conseil du Parlement européen.
L’avocat a également souhaité contredire un élément de défense important du Rassemblement National : les dernières rétractations d’Aymeric Chauprade, ancien eurodéputé qui avait révélé dans les colonnes de l’Express, en 2017, la tenue d’une réunion du 4 juin 2014, dans laquelle Marine Le Pen aurait imposé à tous ses eurodéputés de ne choisir qu’un seul assistant parlementaire pour laisser au parti le reste de leur enveloppe accordée par le Parlement européen.
L’idée d’un « procès politique » combattue
Aymeric Chauprade est revenu sur ses révélations d’abord le 17 septembre dernier, expliquant à Mediapart avoir été soumis à une pression très forte des médias et regretter s’être laissé manipuler. Puis le 30 septembre, dans un communiqué de son avocat, il y expliquait devoir aux Français la vérité, relatait une audition qui ne se serait pas déroulée dans des conditions honnêtes, avant d’accuser les enquêteurs et parler d’une « justice idéologique ».
« Je suis allé voir les auditions de monsieur Chauprade, a commenté, mardi Me Maisonneuve. Le 28 mars, il est entendu en audition libre, (…) le magistrat lui demande s’il confirme ses propos dans la presse et il dit « globalement oui » : il ne dit pas que c’est la presse qui l’a manipulé ! À trois reprises il a confirmé ses propos ! »
Lors de son audition, Marine Le Pen avait réfuté ces révélations, invoquant des volontés de vengeance politique de la part de l’ancien membre du parti. Globalement, la thèse d’un « procès politique », à charge, a été la plus utilisée par la patronne du parti d’extrême droite.
Lors de sa plaidoirie, Patrick Maisonneuve, a tenu à y répondre, en rappelant que le Parlement européen n’a fait que signaler un doute au ministère de la Justice française, avant que le parquet ne s’en saisisse. « Il ne peut pas y avoir de complaisance avec des pratiques susceptibles d’entacher la confiance des personnes dans le parlement européen. C’est aussi un des enjeux de ce procès. Ça voudrait dire que le procureur de Paris serait complice avec Christiane Taubira. Qu’on ne vienne pas m’expliquer qu’il y aurait eu une offensive menée à l’encontre du RN », a-t-il conclu.
La journée de mercredi ne devrait pas aider Marine Le Pen à revoir son jugement. Le ministère public y rendra ses réquisitions, qui promettent d’être salées.
Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !
C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. C’est ce que nous tentons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons porter une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.Je veux en savoir plus.