« Vous allez juger aujourd’hui Gérard Depardieu comme n’importe quel justiciable », a entamé le procureur Laurent Guy lors des réquisitions, jeudi 27 mars, devant le tribunal judiciaire de Paris. L’acteur, « qui rendait fier la France » selon Emmanuel Macron, est poursuivi pour agressions sexuelles, harcèlement sexuel et outrages sexistes sur deux femmes, lors du tournage en 2021 du film les Volets verts de Jean Becker.
La défense a saturé le prétoire
« C’est un simple dossier d’agression sexuelle, cela ne veut pas dire que les faits ne sont pas graves », a continué le ministère public, alors que l’audience a pris en quelques jours « des proportions gigantesques ». En effet, le procès était programmé pour durer deux jours, mais il en aura fallu quatre pour arriver au réquisitoire.
« On a tenté d’approcher le niveau de la cour d’assises ; la procédure ce n’est pas celle des assises », a rappelé Laurent Guy, égratignant au passage la défense, celle-ci n’ayant pas hésité à freiner le processus judiciaire pour aborder tardivement le fond du dossier, puis à « saturer » le prétoire par sa logorrhée, tout en agressant les parties civiles… À tel point que la défense a évoqué les « victimisations secondaires » lors de ce procès, soit les violences du prétoire qui se rajoutent aux violences de l’agresseur au moment des faits. Les deux avocates des parties civiles l’ont même souligné en demandant des dommages et intérêts spécifiques à ce titre.
« Il s’agit matériellement et intentionnellement d’agressions sexuelles », a argumenté Laurent Guy, en rappelant les témoignages qui corroboraient les déclarations des victimes, tout en mettant en exergue la volte-face de Gérard Depardieu et ses changements de scénario. Soulignant la « situation d’infériorité sociale » des plaignantes et leur « décalage par rapport à la célébrité de l’agresseur », le procureur a requis dix-huit mois de prison avec sursis à l’encontre de Gérard Depardieu, assortis d’une période probatoire de trois ans. Une obligation de soins psychologiques a aussi été demandée, comme l’inscription de l’acteur au fichier des auteurs d’infractions sexuelles, ainsi qu’une inéligibilité de deux ans.
Conformément aux outrances agressives proférées lors des premiers jours du procès, l’avocat de la défense, Me Jérémie Assous, a dénigré ses consœurs des parties civiles, « plus militantes qu’avocates », divaguant dans une plaidoirie improvisée sur le stalinisme, Ceaucescu, attaquant les médias (de Mediapart à France 2 et son émission Complément d’enquête, qui a diffusé les propos sexualisés prononcés par l’acteur sur une fillette en Corée du Nord), puis s’en prenant à Charlotte Arnould, qui accuse Gérard Depardieu de viol.
Une autre affaire qui a valu la mise en examen du comédien pour « viols » et « agressions sexuelles » en 2020, tandis que le parquet de Paris a requis un procès criminel. Flirtant avec le complotisme, Me Assous a conclu en s’en prenant à nouveau aux victimes, sans respect ni surprise.
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