Le ministre de la Justice poursuit sa boulimie médiatique afin de vendre sa prison de haute sécurité. « Notre système dysfonctionne », répète-t-il ainsi depuis sa nomination fin décembre 2024. L’ex-ministre de l’Intérieur est revenu, en détail, sur son projet dans les colonnes du Figaro ce vendredi 21 février.
Le garde des Sceaux a ainsi confirmé vouloir s’inspirer du système pénitentiaire italien. « La loi narcotrafic, qui arrivera à l’Assemblée nationale le 17 mars, sera déterminante, estime le ministre de la Justice. Ce nouveau régime carcéral, qui concernera moins d’un millier de personnes, les plus dangereuses, fera l’objet d’amendements gouvernementaux. Ce qui est possible en Italie doit être possible en France. » Une obsession qui n’a rien d’étonnant, l’ex-Républicain ayant réalisé un pèlerinage sécuritaire sur place, fin janvier 2025. Il en avait alors profité pour rencontrer son homologue d’extrême droite, le ministre de la Justice italien Carlo Nordio.
« Nous procéderons en un temps record »
Cette première prison de haute sécurité, qui vise les narcotrafiquants, sera « opérationnelle le 31 juillet », a confirmé Gérald Darmanin, au cours de son entretien avec le Figaro, sans préciser si l’instabilité politique pourrait couper court au projet. « C’est la première fois, dans l’histoire carcérale française, que nous créons une telle prison, s’est-il enjaillé. Dès la fin mars, nous commencerons les premiers transferts de détenus, nous procéderons aux travaux qui seront faits en un temps record, avant d’y affecter les narcotrafiquants et les couper du monde. »
Gérald Darmanin prévoit que les détenus placés dans ces institutions y resteront pour au moins quatre ans – renouvelables et par décision ministérielle -, « comme en Italie ». Pour décider de quels condamnés seront transférés, le garde des Sceaux préconise que les services d’enquêteurs, les magistrats et l’administration pénitentiaire estiment « leur dangerosité, à savoir la capacité à commanditer des assassinats, à corrompre, à menacer, à diriger leurs trafics depuis leur prison ».
Toujours dans son optique de toujours plus priver les condamnés de leur liberté, le ministre de la Justice plaide pour une « généralisation de la visioconférence ». Il espère, avec cette mesure, réduire drastiquement les sorties autorisées aux détenus. L’entretien publié par le Figaro donne ainsi d’autres détails sur le quotidien qui attend ces détenus : « Fouille systématique après les parloirs, hygiaphone lors de ces derniers, prisons totalement inviolables, coupées de toute communication avec l’extérieur. »
De même, les ailes de détention « ne comprendront que quatre à cinq détenus afin de limiter au maximum les contacts lors des promenades », le moindre mouvement sera « contrôlé par plusieurs agents simultanément », les équipements médicaux seront disposés afin « d’éviter les extractions médicales ». Gérald Darmanin souhaite enfin créer une « police pénitentiaire », chargée de surveiller et punir les détenus.
Une prise de position contre la CGLPL
« Aujourd’hui, les détenus peuvent téléphoner 24 heures sur 24 avec des téléphones fixes, lance Gérald Darmanin. Demain, comme en Italie, ils ne pourront plus communiquer que trois fois deux heures par semaine. La suppression de l’accès aux unités de vie familiale fera aussi partie de ce régime. » Une plongée autoritaire qui pourrait être instaurée au système carcéral dans son ensemble. Soit une prise de position contre l’avis de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot, publié mercredi 19 février.
La contrôleure générale des prisons y démontrait les faiblesses d’une telle stratégie politique concernant la disparition de la communication quotidienne avec l’extérieur. Dominique Simonnot a rappelé dans sa note que « l’accès au téléphone (fixe) doit être garanti aux personnes détenues, à tout moment et quel que soit leur régime de détention ». De même, elle estime qu’une « réflexion » doit être engagée « sur les possibilités d’un accès contrôlé à des téléphones mobiles en détention ».
À l’inverse de cette alerte, Gérald Darmanin compte donc bien poursuivre dans son entreprise punitive. « Je suis cependant en total désaccord avec la contrôleure des lieux de privation de liberté qui propose la généralisation des portables, a-t-il lancé. Ce serait un recul incompréhensible de l’autorité de la chose jugée. » Pour l’ancien ministre de l’Intérieur, les téléphones « doivent continuer à être interdits, même si le dispositif de téléphone fixe qui existe doit être revu ».
Confiant dans l’idée qu’il va pouvoir appliquer sa politique sans entrave et dans la durée, Gérald Darmanin espère que « quatre à cinq établissements » de haute sécurité seront lancés d’ici 2027. Soit une année d’élection présidentielle, pour laquelle Gérald Darmanin affiche régulièrement ses ambitions. Le sens du timing.
Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !
C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. Et c’est ce que nous faisons chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons entendre une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.Je veux en savoir plus.