À deux ans de la présidentielle, une galerie inattendue de figures publiques — animateurs, patrons ou ex-syndicalistes — agite les pronostics. Cyril Hanouna, Michel-Édouard Leclerc, Vincent Lindon ou encore Tony Estanguet peuvent-ils incarner une alternative crédible ?
Qu’ils le revendiquent, s’en cachent ou s’en défendent, plusieurs personnages hors sérail politique apparaissent, à deux ans de l’échéance, en position de concourir à l’élection présidentielle. Mais la route est encore longue, les obstacles nombreux et la volonté pas toujours au rendez-vous.
Hanouna, une blague ?
C’est l’histoire d’un animateur vedette qui se verrait bien à l’Elysée ou aimerait bien qu’on l’y voie. Longtemps après Coluche mais dans un tout autre registre, Cyril Hanouna y songe mais joue surtout avec l’idée.
En couverture de Valeurs actuelles cette semaine, qui promet des “révélations” sur “le candidat Hanouna”, le turbulent présentateur jure de “dire la vérité” dans son émission quotidienne sur Europe1.
\ud83d\udcac “Je ne suis pas candidat pour 2027”
Cyril Hanouna dément en direct sur BFMTV les rumeurs de candidature dans la course à l’Élysée pic.twitter.com/am22WyJgKr
– BFMTV (@BFMTV) 29 avril 2025
Veut-il incarner une vague dégagiste face à une classe politique honnie, dans une ambiance de fin de règne à deux ans du terme du double quinquennat d’Emmanuel Macron ?
“J’annonce pas ma candidature”, prévient dans un premier temps le professionnel du buzz, en cours de transfert vers le groupe M6, où il doit animer à partir de septembre deux émissions sur Fun Radio et la chaîne W9.
Puis mardi, il semble mettre fin au suspense. “Je ne me présenterai pas en 2027, ni en 2032, ni en 2037, ni en 2042”, lâche-t-il finalement, avant d’ajouter que sa priorité consiste à “essayer de faire rire”.
L’animateur de feu C8 ne méconnaît pas les difficultés d’une candidature, rappelés par le président du Rassemblement national Jordan Bardella qui a insisté sur le nécessaire “enracinement” dans l’opinion.
L’exemple d’Eric Zemmour, propulsé comme lui au sein du groupe Bolloré et qui avait dû stopper net ses activités médiatiques pour se consacrer à sa candidature malheureuse en 2022, est aussi source de réflexion.
Surtout quand les sondages sont médiocres : à peine 11 % de “potentiel électoral” selon une étude Harris Interactive réalisée début avril. La rançon d’une “personnalité très clivante” pour celui qui reste “identifié comme un amuseur public”, explique son directeur délégué Jean-Daniel Lévy. N’empêche, l’épisode Hanouna alimente la petite musique d’une candidature surprise.
Rester digne en étant populaire
La marche serait moins haute pour un autre outsider, qui clame déjà son “vrai désir de France” : Michel-Edouard Leclerc, dirigeant du groupe de supermarchés fondé par son père et champion autoproclamé du pouvoir d’achat.
Un “enjeu étendard” consensuel qui “participe à son image positive” et lui permet de se hisser au niveau de l’ancien président François Hollande ou de l’éphémère Premier ministre Michel Barnier, avec 20 % d’électeurs “potentiels”, un “étiage pas disqualifiant”, selon M. Lévy.
A condition de vouloir capitaliser sur ce socle. Or le premier épicier de France “croi
Sauf qu’il ne suffit pas de le dénier. En atteste la présence dans le classement de l’ex-leader de la CFDT, Laurent Berger, parti au Crédit Mutuel après l’amère bataille des retraites et qui depuis refuse de sortir de la sienne. Celui qui a décliné la perche tendue à l’été 2024 pour porter la gauche unie à Matignon demeure pourtant crédité d’un “potentiel” de 14 %, à l’égal d’un Jean-Luc Mélenchon lancé vers une quatrième candidature.
La différence étant que le second s’y prépare comme un athlète. Contrairement à un Tony Estanguet qui surnage dans les mêmes eaux, fort du succès d’organisation des Jeux olympiques. Ou à un Vincent Lindon encore primé récemment à Venise, et désormais pressenti dans un autre premier rôle. L’un comme l’autre sans avoir rien demandé.
Ou rester peuple en conseillant les rois
Revers d’une certaine notoriété, dont jouent en coulisses quelques Machiavel. Comme ce familier de l’Elysée suggérant que d’ici 2027 “quelqu’un peut émerger de l’opinion publique, Xavier Niel étant l’option qui revient le plus souvent”. Hypothèse balayée par un député macroniste, pour qui le magnat des télécoms “représente trop l’argent”. Le milliardaire et fondateur de l’opérateur Free n’est en outre “pas très connu, ce qui n’aide pas”, observe M. Lévy.
Le sondeur note un autre écueil : il y a “une différence entre le potentiel et le résultat final”. Ainsi Marion Maréchal, supposée convaincre 23 % des électeurs, mais n’ayant recueilli que 5,5 % des suffrages aux européennes l’an dernier. Car “à un moment il faut choisir” et le vote utile fait mentir les pronostics.