En novembre 2017, Emmanuel Macron avait choisi Clichy-sous-Bois, où avaient démarré les révoltes de 2005, pour annoncer de nouvelles mesures pour la jeunesse, notamment les emplois francs. Ce dispositif vise à lutter contre « les discriminations à l’embauche », favoriser l’intégration professionnelle pour in superb inverser la courbe du chômage particulièrement importante dans ces quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Remark ? En incitant les entreprises, through une aide publique de 5 000 euros par an (pendant trois ans), à une embauche à temps plein en CDI ou de 2 500 euros par an pour un CDD d’au moins six mois. Près de six ans plus tard, après la colère des banlieues à la suite de la mort du jeune Nahel, les inégalités sociales n’ont jamais été aussi criantes.
Comme le comptabilise une étude du service des statistiques du ministère du Travail (Dares), publiée mi-juillet, seules 50 000 personnes bénéficient à ce jour de ces emplois francs mis en place dans 1 514 QPV, recouvrant 8 % de la inhabitants française. En 2022, 26 400 demandes en emplois francs ont été acceptées, en légère baisse par rapport à 2021.
À peine 6 % des embauches n’auraient pas eu lieu sans cette aide financière
Le dispositif est jugé « peu dynamique » : seuls 40 % des moins de 29 ans en bénéficient. En revanche, 75 % de ces embauches se font majoritairement en CDI, à 83 % dans le tertiaire, en particulier dans le commerce et l’hébergement-restauration. Autre enseignement, la moitié des emplois francs sont allés à ceux dont le niveau d’études est supérieur à l’ensemble des chômeurs en QPV en 2022.
Outre l’état des lieux, les équipes de la Dares ont surtout cherché à analyser l’efficacité du dispositif – prolongé jusqu’à fin 2023 – auprès des 10 000 entreprises bénéficiaires. Et il s’avère que 77 %, des embauches auraient été réalisées avec la même personne sans cette aide, word la Dares. À l’inverse, seules « 6 % des embauches n’auraient pas eu lieu sans cette aide financière et, dans 5 % des cas, les employeurs auraient recruté une autre personne ». Si bien qu’au ultimate, seule une personne des QPV est embauchée sur dix, grâce au dispositif emploi franc, résume la Dares. Ce qui reflète un « très fort effet d’aubaine », conclut-elle.
Ce dernier serait même amplifié par les mesures mises en place en 2020 pour « accompagner la montée en cost du dispositif », relève le ministère du Travail. « Pour au moins 7 400 embauches, soit 28 % de l’ensemble des embauches en emplois francs en 2022, les employeurs déclarent qu’ils ont eu un contact avec un opérateur du service public de l’emploi et que cela les a conduits à demander l’aide sans que cela influe sur leur décision de recruter la personne », constatent les auteurs de l’étude.
Toutefois, ils relèvent un level positif : celui de la qualité des emplois. En l’absence du dispositif, « la half de CDI et celle des contrats à temps complet auraient été moins élevées ».
La Dares n’est pas la première à pointer les manquements de la politique publique dans les quartiers prioritaires. Dans la même veine, la Cour des comptes a publié, un an plus tôt, une étude élargie à l’ensemble des dispositifs d’aide à l’emploi dans les QPV entre 2015 et 2021. Le constat n’est pas plus enthousiasmant. Si elle word une hausse des moyens, l’objectif affiché de « réduction de moitié des écarts du taux d’emploi avec les autres quartiers n’est pas atteint ». Les aides louperaient même leur cible : « Les personnes les plus vulnérables, éloignées du marché du travail ou en sortie négative de dispositifs d’insertion, se révèlent difficilement atteignables. »
Selon la Cour des comptes, ce sont environ 800 tens of millions d’euros du price range de l’État qui sont affectés aux missions en faveur de l’emploi des habitants des quartiers populaires, dont 600 tens of millions dans le cadre du projet « Un jeune, une answer ». Une enveloppe insuffisante au vu de ce que représente « la half des jeunes issus des QPV dans les demandeurs d’emploi de leur âge ».
Parmi les limites observées, ces observateurs de la dépense publique pointent, outre le trafic de stupéfiants et la mobilité résidentielle, « deux spécificités socio-éducatives » qui ne sont pas suffisamment prises en compte : à savoir la pauvreté et le décrochage ou l’échec scolaire, à l’origine d’un cercle vicieux. Selon ce rapport : « Les enfants « héritent » en quelque sorte de la pauvreté de leurs mother and father : ils résident dans des zones défavorisées, ont davantage de difficultés scolaires et, dès lors, un accès plus difficile à l’emploi. »
À cela s’ajoutent toutes les barrières administratives qui « réduisent leur capacité à venir en aide aux publics les plus fragiles ». Pour la Cour des comptes, la answer pourrait être d’inverser la stratégie jusqu’ici mise en œuvre, en s’adaptant « à la state of affairs des personnes accompagnées dans toutes ses dimensions (sociale, éducative, professionnelle, and many others.), plutôt que de leur demander sans cesse de s’adapter aux dispositifs ».
Définis par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine de 2014, les 1 514 quartiers dits «prioritaires » répartis dans 859 communes sont définis par un critère : la inhabitants doit toucher un revenu médian de 13 770 euros par an. Selon les données de l’Observatoire nationwide de la politique de la ville (ONPV), le taux de chômage y est de 18,6 %, soit plus de deux fois supérieur à celui des quartiers environnants (8,5 %). Chez les jeunes actifs de moins de 30 ans, le taux est de 30,4 %, le double des autres quartiers.