Les superlatifs ne manquent pas chez les représentants des partis de gauche pour qualifier le communiqué d’Emmanuel Macron rendu public lundi 26 août dans la soirée dans lequel il annonce refuser de nommer un gouvernement issu du Nouveau Front Populaire et porté par Lucie Castets, candidate désignée par les quatre partis de gauche. « La stabilité institutionnelle impose de ne pas retenir cette option », avance-t-il, car un tel gouvernement « sur la base du seul programme et des seuls partis proposés par l’alliance regroupant le plus de députés, le Nouveau Front populaire, serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale », argumente ainsi le chef de l’État, faisant fi du résultat des urnes.
Si aucune formation n’a véritablement gagné en remportant la majorité absolue, c’est bien la gauche qui est arrivée en tête des élections législatives, en nombre de sièges. Depuis la publication de ce communiqué, la totalité des responsables politiques de gauche, et même d’ailleurs, font bloc pour dénoncer le « déni démocratique » organisé par le président de la République.
« colère », « honte », « lunaire, hallucinant »
« La démocratie est dans un état préoccupant », estime Lucie Castets, qui juge « fondamental que les gens se mobilisent aujourd’hui ». Elle prévient qu’elle ne « retournera pas » à l’Élysée « s’il ne s’agit pas de trouver une solution pour sortir la France de son immobilisme actuel ». « On est face à un président de la République qui veut à la fois être président de la République, Premier ministre et chef de parti », dénonce encore la candidate du NFP à Matignon, qui s’« inquiète considérablement » du message envoyé par Emmanuel Macron auprès des électeurs en refusant sa nomination : « Aujourd’hui, on leur dit votre vote ne sert à rien », juge-t-elle sur France Inter.
« Le communiqué d’Emmanuel Macron est une honte », a dénoncé sur X, la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier. « Invoquer la stabilité quand on a dissous sans aucune concertation et qu’on refuse le résultat d’une élection pour laquelle les Français n’ont jamais été aussi nombreux à se déplacer est d’une irresponsabilité démocratique dangereuse », a-t-elle fustigé. Sur France 2, le numéro 1 du PS Olivier Faure a estimé que le communiqué de l’Élysée est « proprement lunaire, hallucinant ». Le président cherche à « repousser le vote des Français », « expliquer que l’on va continuer à faire avec les mêmes », s’est insurgé le député de Seine-et-Marne : « comment peut-on en arriver à un tel déni démocratique ? » « Il est garant des institutions, pas de sa propre stabilité », a fustigé encore le socialiste.
« Le peuple doit écarter Macron »
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, considère que le chef de l’État « ouvre une crise très grave pour le pays, alors que les Français ont exprimé une envie de changement lors de deux élections importantes ». « Nous allons appeler à des rassemblements, à la mobilisation », a-t-il également déclaré. « Nous allons nous battre (…) nous allons appeler les Français à se mobiliser partout là où ils sont, dans les centres-villes, devant les préfectures, dans les jours qui viennent », a-t-il ajouté, sur France Bleu Nord. « Le forcené de l’Élysée dissout sur un coup de tête l’Assemblée puis s’assoit sur le résultat des élections », a écrit aussi sur la plate-forme X François Ruffin, ex-La France insoumise. « Le peuple doit écarter Macron, au nom de la démocratie. Le chaos, l’instabilité, c’est lui », a fustigé le député de la Somme.
Quelques minutes après l’annonce d’Emmanuel Macron, le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, a dénoncé sur BFM « un coup de force antidémocratique qui se fait sur la base d’une argumentation qui n’a aucun sens ». « S’il existe une autre coalition possible qui dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale, que le président de la République nous dise laquelle », a ajouté le député insoumis des Bouches-du-Rhône. Emmanuel Macron « s’assoit sur le résultat des législatives » et « fait comme s’il n’y avait pas eu un vote il y a maintenant quasiment deux mois », s’inscrivant dans les arguments de sa collègue écologiste. Une motion de destitution sera déposée à l’encontre d’Emmanuel Macron, a annoncé la France insoumise, qui n’aura cependant que peu de chances d’aboutir en raison des équilibres politiques au Parlement.