Adrien1 a appris la nouvelle « au détour d’un couloir ». Alors que tout était prêt pour acter, comme prévu, le renouvellement de son contrat de travail – pièces administratives et dossier de prise en charge dûment envoyés au service des ressources humaines –, cet agent contractuel à la Drieets, la direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités qui chapeaute l’inspection du travail, a été invité, le 20 juin 2024, à se préparer à plier bagage. L’annonce lui en a été faite dix jours avant l’échéance, donc sans aucune possibilité « de se retourner » pour le trentenaire, qui enchaîne depuis un an une série de courts CDD.
Plusieurs dizaines d’agents contractuels seraient, comme lui, confrontés, au sein du ministère du travail, à cette volte-face, alors même que leurs missions, en majorité dédiées à l’accueil du public et au support administratif, sont indispensables au fonctionnement de leurs services respectifs. La raison invoquée pour justifier ce gel des postes, inédit par son ampleur et sa brutalité, tient en un élément de langage : « Les plafonds d’emploi sont atteints. »
Extrêmement précaires, ces contrats ont explosé ces dernières années
Si le lien n’a pas été fait de façon explicite par la direction – sollicitée par l’Humanité, elle n’a pas répondu à nos questions –, cette décision paraît être la conséquence directe des 10 milliards d’euros de restrictions budgétaires laissées comme « cadeau de départ » par Bruno Le Maire, selon l’intersyndicale.