« Avec l’utilisation du délit d’apologie du terrorisme pour stigmatiser les militants en faveur de la Palestine, un cap est franchi. » Les mots de la porte-parole d’Attac, Youlie Yamamoto, donnent le ton de la conférence de presse d’un large collectif d’associations, syndicats et partis de gauche, ce mercredi, à deux pas de l’Assemblée nationale, qui appelle à une fête des libertés, place de la République à Paris, samedi 8 juin. « Face à une criminalisation systématique des actions revendicatives, la riposte doit être unitaire », mesure Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT.
Ces derniers mois, les dérives autoritaires de l’exécutif se multiplient, notamment à l’encontre des militants en faveur de la Palestine. Pour Arié Alimi, « les massacres du 7 octobre et les suites à Gaza avec un risque de génocide ont sidéré et fracturé la société française. Depuis, les prises de parole sont criminalisées ».
Au nom de la Ligue des droits de l’homme (LDH), il dénonce « une instrumentalisation du droit », avec la circulaire Dupond-Moretti à destination des parquets. « L’apologie du terrorisme est dorénavant une arme d’instrumentalisation politique et d’intimidation », regrette-t-il. L’avocat rappelle que les 620 enquêtes ouvertes n’ont donné lieu qu’à une poignée de condamnations.
Forte répression patronale
Parmi elles, celle de Jean-Paul Delescaut, secrétaire de la CGT du Nord, condamné à un an de prison avec sursis pour un tract intitulé « La fin de l’occupation est la condition de la paix ». « Les outils juridiques sont de plus en plus utilisés pour bâillonner l’expression démocratique. La procédure pénale a pour objectif de discréditer des opinions », insiste Nelly Bertrand, du Syndicat de la magistrature.
De son côté, Murielle Guilbert s’étonne que « la garde à vue de 88 étudiants de la Sorbonne soit passée sous silence tout un week-end ». Pour la co déléguée générale de Solidaires, « l’usage à outrance de la garde à vue est instrumentalisé comme première sanction pénale ».
Dans ce contexte, Céline Verzeletti note que « la répression dans le monde du travail est invisible, mais se propage. Les patrons montent des dossiers de licenciement et brandissent des menaces de sanctions contre les salariés revendicatifs ». Au total, plus de 1 000 cégétistes sont inquiétés par la justice, la police ou de sanctions disciplinaires. « Il devient impossible de simplement revendiquer pour le progrès social ou une planète durable. L’État et la justice devaient être au service des libertés publiques, pas un obstacle », conclut Youlie Yamamoto (Attac).
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