Place de la République, à Paris, sirènes des pompiers et pétards stridents ont retenti à intervalles réguliers ce jeudi 16 mai en milieu de journée. Aucun incendie alentour, mais des soldats du feu présents massivement sur ce point de ralliement où ils ont convergé par centaines de toute la France pour faire entendre leur colère face à des pouvoirs publics sourds à leurs alertes sur leurs conditions de travail : salaires trop bas, manque de moyens, heures d’astreinte non payées, « prime du feu » bien en deçà des risques encourus, notamment sanitaires…
À l’ombre de la statue de Léopold Morice, une vingtaine d’entre eux attend en file indienne sous un chapiteau rouge orné des banderoles des neuf organisations syndicales – CGT, SUD, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, SNSPD – qui ont, fait rare, unanimement appelé à la grève. À tour de rôle, les agents se soumettent à un prélèvement de mèche de cheveux qui sera envoyé, sous enveloppe nominative, pour analyse, à un laboratoire indépendant. Le tout, sous l’œil d’un huissier et d’élus d’Europe Écologie-Les Verts, notamment Nicolas Thierry, député écologiste, à l’origine d’une proposition de loi sur l’interdiction des PFAS, ces substances chimiques considérées comme des « polluants éternels ». C’est aussi à son initiative que s’est tenue cette insolite opération au cœur de la manifestation.
Surcontamination des agents aux produits toxiques
Son but ? Démontrer, chiffres à l’appui, les taux de contamination hors normes aux produits toxiques émanant des fumées et des matières présentes dans leur matériel et leur tenue, notamment les PFAS, auxquelles les sapeurs-pompiers sont exposés quotidiennement dans l’exercice de leurs missions. Aux études épidémiologiques qui s’empilent sur le sujet, l’État oppose une inertie persistante et un refus de reconnaître les maladies professionnelles – notamment plusieurs types de cancers – liées à cette soumission aux bains chimiques, et un refus de mettre en place un suivi sanitaire conséquent. Autant de griefs dont les organisations syndicales des agents du Sdis (service départemental d’incendie et de secours), reçues Place Beauvau, en milieu de journée, comptent se faire l’écho.
« Nous avons porté plainte contre X en décembre 2023 pour mise en danger de la vie d’autrui. Il ne s’est rien passé depuis, malgré les enquêtes qui se multiplient depuis plusieurs décennies », dénonce Sébastien Delavoux, animateur du collectif Sdis à la CGT. Et le syndicaliste d’évoquer le rapport Pourny, dont les 200 recommandations pour améliorer la sécurité des agents, rendues publique en 2003, à la suite de plusieurs décès, sont restées lettre morte.
Une colère partagée par Christophe Sansou, représentant syndical à Force ouvrière, qui pointe le gouffre séparant la France des pays outre-Atlantique : « Un seul cancer est reconnu en France : le nasopharyngé. Alors qu’aux États-Unis et au Canada, de 10 à 28 cancers liés à l’activité des pompiers ont été reconnus », déplore le syndicaliste.
L’eurodéputée Marie Toussaint, tête de liste des écologistes aux européennes, qui a fait le déplacement, a tenu à mettre en perspective l’enjeu de cette mobilisation : « C’est une interpellation puissante. Dans un monde ébranlé par les aléas climatiques, il est temps de prendre au sérieux la question de la sécurité civile en mettant au service de nos pompiers un système de protection digne de ce nom. »
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