Après « Rodéo » de Lola Quivoron, « Ma France à moi » de Benoît Cohen ou encore « Avant que les flammes ne s’éteignent » de Mehdi Fikri, la dernière fiction de Julie Navarro déchaîne la rage de la fachosphère. « Quelques jours pas plus » est pourtant attrayant : Arthur (Benjamin Biolay), journaliste, souhaite séduire Mathilde (Camille Cottin), responsable d’une association d’aide aux migrants, en hébergeant un jeune Afghan prénommé Daoud (Amrullah Safi).
Mais dès la publication de la bande-annonce, la réalisatrice a reçu une avalanche de messages injurieux sur le compte Facebook de son distributeur, Bac Films. Une campagne que la société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF) qualifie de « violente et massive ».
« Un truc pro migrant », « A vomir », « Les Français d’abord », « La daube habituelle financée par le contribuable », « Que ces deux blindés bobos « artistes » les accueillent chez eux au lieu de faire des films », « On aide d’abord nos Français et les migrants on les laisse sur leur bateau flottant »…
Les commentaires AlloCiné pour champ de bataille
Sans même avoir vu le film, l’extrême droite crible la page AlloCiné du film de mauvaises notes (0/5, 0.5/5, 1/5) pour dissuader les spectateurs d’aller en salles. Sur Instagram, Julie Navarro raconte : « La boule au ventre, impuissants, on a effacé les 971 messages un à un. On a fermé nos gueules ». Sur la chaîne Youtube d’AlloCiné, rebelote.
Le compte est contraint de désactiver l’espace dédié aux commentaires. Face au manque cruel de modérateurs et à l’incapacité de filtrer les messages haineux et racistes, la réalisatrice tempête. « Pour museler l’extrême droite, on muselle tout le monde ! », s’indigne-t-elle.
Ces croisades massives ont des effets très concrets : elles entravent la diffusion des films. « On ne veut pas d’ennuis, on renonce à certaines actions ou certains sujets. Plus besoin de censure », ajoute Julie Navarro qui craint le déclin de la liberté de création.
Dans son communiqué, la SRF demande à Allociné de ne pas laisser des œuvres cinématographiques et leurs auteurs face à de tels raids. Elle leur propose la mise en place d’un « système pour vérifier que les personnes postant un commentaire aient effectivement vu » le film comme cela se fait déjà sur d’autres sites équivalents.