La solidarité avec Gaza est-elle encore autorisée ? Depuis le 7 octobre, de nombreuses réunions publiques et manifestations de soutien au peuple palestinien ont été interdites, et cette tendance s’accroît ces derniers jours à rythme alarmant. Après l’annulation de la conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan à Lille en soutien à la Palestine, l’interdiction de nombreuses réunions publiques et manifestations depuis le 7 octobre, le tour est venu aux manifestations.
Signée par Angela Davis, le Planning familial, l’Info’Com-CGT ou encore SUD Education Paris, une marche pour alerter sur le racisme subi par les enfants a été interdite par Laurent Nuñez, le préfet de Paris. Dans un arrêté du 18 avril, la préfecture de police a annoncé son interdiction, en premier lieu pour des raisons matérielles : le 21 avril, la place de la République est réservée à une brocante, et bon nombre de policiers sont mobilisés afin d’assurer la sécurité du match PSG-Olympique lyonnais au Parc des Princes. Mais par-dessus tout, Laurent Nuñez craint des débordements.
Une dérive autoritaire ?
Pour la préfecture de police, « porter l’attention sur les enfants de Gaza, est de nature, eu égard aux tensions actuelles au Proche-Orient (…) à porter en son sein des slogans antisémites ». Cette marche « est propice à attirer des composantes recherchant délibérément les affrontements avec les forces de l’ordre, créant un risque réel de troubles à l’ordre public », ajoute la préfecture.
En réaction à l’arrêté préfectoral, les organisatrices de l’événement, Amal Bentounsi et Yessa Belkhodja, s’indignent sur X (ex-Twitter). Cette interdiction « s’ancre dans un virage autoritaire et raciste qui s’accélère d’année en année. » La « dissolution d’associations antiracistes ou écologistes (…) vont désormais de pair avec la brutalisation quasi systématique des manifestants et une impunité presque totale pour les crimes policiers. »
Suite à la mort du jeune Nahel Merzouk l’été dernier et aux révoltes des quartiers populaires, les organisatrices ajoutent qu’un basculement est en cours. « La question se pose à toutes et à tous : est-ce que nous souhaitons voir nos enfants grandir dans un État policier ? », s’interroge le collectif « Marche 21 avril ».