Suite à la lettre aux Français d’Emmanuel Macron, la CGT cheminots appelle à des rassemblements devant les préfectures et devant l’Assemblée nationale, le 18 juillet à partir de 12 heures, jour d’ouverture de la session parlementaire. Un appel relayé par Sophie Binet. « On a l’impression d’avoir Louis XVI qui s’enferme à Versailles », déplore la secrétaire générale de la CGT. La confédération invite les organisations cégétistes à se saisir de cette initiative.
Le chef de l’État est-il dans le déni des résultats des législatives ?
Thierry Nier
Secrétaire général de la CGT Cheminots
Complètement. Emmanuel Macron veut poursuivre ses orientations politiques et économiques, comme s’il ne s’était rien passé dans les urnes. La CGT a pris ses responsabilités en appelant à voter pour le programme du Nouveau Front populaire (NFP) et en mobilisant très largement contre l’extrême droite. L’espoir suscité, notamment dans la jeunesse, doit se matérialiser.
On se doutait d’une manœuvre présidentielle. Mais la poussée de la gauche et le vote de colère en direction du RN démontrent une volonté des Français d’une réorientation sociale dans le pays. Le septennat d’Emmanuel Macron a tiré vers le bas l’ensemble des travailleurs. Les services publics, notamment la SNCF avec son explosion en 2018, ont été affaiblis. Le Covid a démontré l’amoindrissement de nos hôpitaux. Sept années de Macronisme, ça suffit.
Est-ce le rôle d’un syndicat de mettre la pression sur les pouvoirs exécutifs et parlementaires s’agissant de la formation d’un gouvernement ?
Oui. Le futur gouvernement devra prendre des décisions stratégiques. L’avenir de la SNCF est lié au futur exécutif. Je prends l’exemple de Fret SNCF. Le précédent gouvernement a décidé de liquider l’entreprise ferroviaire de marchandises avec un plan de discontinuité. Un gouvernement de gauche pourrait revenir dessus, sans décret ni vote au parlement, simplement en annonçant un moratoire sur le plan de discontinuité, comme le recommande un rapport d’enquête parlementaire.
La concurrence dans le fret est un échec. Demain, les mêmes recettes libérales seront appliquées aux voyageurs. L’arrêt de la concurrence doit être posé dans le débat public. Tout comme la logique de filialisation, dans le cadre des appels d’offres pour les TER, qui conduit au transfert des cheminots dans des sociétés privées. Le plan à 100 milliards pour le rail d’ici 2040 doit être fléché. Un exécutif progressiste serait à même de bâtir un projet de loi de financement des infrastructures ferroviaires. Un tel texte pourrait trouver un large consensus, car il répond aux besoins de rail dans les territoires.
Si Emmanuel Macron persiste, la question de la grève se pose-t-elle ?
C’est une évidence. Aux niveaux confédéral et fédéral, la CGT travaille à un cadre unitaire pour bâtir une mobilisation de très haut niveau. Cela demande du temps et de l’énergie dans les lieux de travail. Les avancées sociales n’ont jamais été données, mais arrachées par des luttes. On posera un rapport de force. La politique doit revenir entre les mains des citoyens. Et le programme du NFP est susceptible d’améliorer les conditions de vie du plus grand nombre, avec des hausses de salaires ou le réarmement des services publics.
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