Un impôt sur les hauts patrimoines est toujours dans les tuyaux pour le prochain budget. Et si Barnier l’avait imaginé exceptionnel, le gouvernement Bayrou l’envisage plutôt de manière pérenne, pour s’intercaler entre la flat tax et l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Il viserait à rapporter quelques milliards d’euros de recettes supplémentaires, une forme de retour de l’ISF qui ne dirait pas son nom.
« Jamais on n’aurait imaginé il y a dix ou quinze ans des personnalités de droite comme Bayrou ou Barnier parler de justice fiscale, remarque Layla Abdelké Yakoub, responsable de plaidoyer justice fiscale et inégalités à Oxfam France. Cela représente une victoire symbolique, mais cela signifie surtout que les inégalités sont devenues tellement insupportables que l’exécutif ne peut plus faire autrement », poursuit l’autrice d’un rapport sur le sujet, publié ce lundi.
La richesse des milliardaires a augmenté de 2 000 milliards de dollars en 2024
En effet, à l’échelle mondiale, la richesse des milliardaires a augmenté de 2 000 milliards de dollars en 2024, affirme Oxfam dans cette nouvelle étude. Comme le secteur du luxe est un peu à la peine, la participation des richissimes français dans ces chiffres record est un peu moins flamboyante. « Bernard Arnault a même vu son patrimoine financier fondre de 50 milliards d’euros, pointe Layla Abdelké Yakoub. Mais bon, même s’il perdait 99 % de sa fortune, il resterait milliardaire. »
En tout cas, le dernier portrait social de la France de l’Insee le montre bien, la politique de ce second mandat d’Emmanuel Macron continue à creuser les inégalités. Juste avec les mesures socio-fiscales prises, les 10 % les plus riches ont gagné en moyenne 280 euros sur l’année 2023, tandis que l’ensemble des Français y perdait en moyenne 50 euros et les 10 % les plus pauvres 290 euros. Oxfam a calculé qu’un Français parmi les 1 % les plus riches gagne en six jours ce qu’un de ses compatriotes parmi les 50 % les plus pauvres gagne en un an.
« Il y a urgence, on en arrive à un point où, selon un sondage qu’on a réalisé en septembre dernier, 78 % des Français se disaient favorables à une plus forte taxation des plus riches, rappelle Layla Abdelké Yakoub. Le gouvernement ne pouvait pas simplement annoncer 50 milliards d’économie supplémentaires, sans mettre un minimum à contribution les plus riches. » Encore faut-il que cette contribution ne soit pas symbolique.
Car, petit à petit, l’ambition de cette taxe s’étiole. La proposition initiale de Gabriel Zucman, reprise par le Nouveau Front populaire, consiste à prélever 2 % sur les patrimoines des milliardaires, pour rapporter 15 à 20 milliards d’euros. Elle serait l’inspiration d’une nouvelle « contribution différentielle sur les hauts patrimoines », qui, selon les informations des Échos prises auprès du cabinet d’Amélie de Montchalin, ministre déléguée aux Comptes publics, aurait un taux limité à 0,5 %, auquel on aurait déjà retranché tous les autres impôts.
Résultat, l’ambition n’est plus que de rapporter 2 milliards d’euros. Oxfam tient à disposition de Bercy 16 mesures de justice fiscale et écologique, propres à ramener 101 milliards d’euros dans les caisses de l’action publique.
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