Une Mercedes dévastée par une déflagration, un candidat aux élections législatives dans un état critique, sauvé par miracle après l’amputation de sa jambe. Nous ne sommes ni en Irak, ni en Colombie, mais près de Perpignan, il y a vingt ans. Où certains, pour quelques bribes de pouvoir, étaient prêts à tout. Et même à tuer. Découvrez ce nouvel épisode de Crimes et justice, notre podcast consacré aux grandes affaires criminelles de notre région.
Une pluie battante s’abat sur le parking de la mairie d’Elne, ce 5 février 1993, que Jean-Claude Madrenas traverse d’un pas pressé pour rejoindre sa voiture. À 47 ans, cet ingénieur féru de politique vient de vivre une journée particulière.
Le matin, avant cette réunion avec les anciens combattants de la commune, il a participé à une rencontre avec quelques ténors de la droite catalane, rassemblés autour d’un visiteur de marque, Jacques Chirac. Alors maire de Paris et président du RPR, ce dernier est venu consacrer localement les accords électoraux passés au plan national entre son parti et l’UDF, pour présenter des candidatures uniques de la droite face au PS, aux prochaines élections législatives.
Il enclenche la marche arrière, et tout explose
Jean-Claude Madrenas a décroché la timbale : il est officiellement investi pour partir à la conquête de la quatrième circonscription des Pyrénées-Orientales, celle de la côte rocheuse. Il monte dans sa Mercedes, enclenche la marche arrière, et tout explose.
Plus tard, il racontera cet instant hors du temps. Cette déflagration plutôt faible, semblant arriver d’ailleurs. Ce souffle qui le renverse sur le dossier brisé de son siège, ce sentiment d’énervement à l’idée d’être en retard à son prochain rendez-vous. Cette absence de douleur. Cette lucidité exacerbée. Et puis la pluie de sang qui tombe du plafond. Et cette image qui ne s’effacera jamais de ses rétines : son pied, sectionné net, posé sur le tableau de bord. “Alors j’ai regardé et j’ai vu que ma jambe gauche n’était plus là.”
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Il ne perd pas conscience, pendant la demi-heure qu’il faut aux pompiers pour le dégager de la carcasse fumante. Il demande qu’on prévienne le chirurgien qui le soigne pour sa jambe droite, déjà appareillée d’une prothèse, après un grave accident de la route. Et souffle ces quelques mots avant de tomber dans le coma : “C’est un problème qui vient de la côte.”
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