Ces indices boursiers permettent aux investisseurs de gérer leur portefeuille d’actions. Les deux indices boursiers les plus connus de la place de Paris sont le CAC 40 et le SBF 120. Le premier est composé des 40 valeurs qui représentent les plus importantes capitalisations françaises. D’un niveau de 2000 au 1er janvier il a atteint la barre des 8000 points, un sommet dans son histoire ! Et de l’avis même des experts de marchés « la tendance reste favorable ».
Gouvernement, patronat et experts se glorifient, bruyamment et sans retenue, de ces records appelant à l’instar du quotidien des affaires à « célébrer une performance dont il faut se féliciter » (Les Echos 8/3 /2024) Surtout ils feignent de considérer que la santé financière qu’affiche cet indice boursier reflète l’évolution globale de l’économie et de la finance françaises. Ces records traduiraient le retour de la compétitivité du site de production national, montreraient l’attractivité du territoire et exprimeraient la résilience de nos structures productives.
Sauf que la stratégie des « grands groupes tricolores » est à l’opposé de ce conte pour boursicoteurs naïfs. Le développement de ces grands groupes s’opère à l’international au détriment d’une croissance dans l’hexagone : 62% de leurs effectifs se trouvent dans leurs filiales à l’étranger contre seulement 38% pour les allemands -que l’on cite souvent en exemple-. Ces géants du CAC réalisent ¾ de leur activité à l’étranger. En incitant à développer une production à bas cout, délocalisation et importation ont été favorisées. .
L’attractivité, si attractivité il y a, ne peut être que celle qu’apprécient les actionnaires, grâce à une généreuse politique de distribution de dividendes et de rachats d’actions. Les principaux groupes français ont réalisé 153,6 milliards d’euros de profits l’an dernier. Les dividendes, 67,8 milliards d’euros, tout comme les rachats d’actions, 30,1 milliards, atteignent des montants inégalés.
Pour les analystes les plus sérieux les résultats des entreprises ne justifient pas les valorisations qu’atteignent les actions. Nous serions dans une configuration qui ne serait pas sans rappeler celle qui prévalait au début de l’année 2000. Le record bousier à Wall Street, en 1999, porté par les valeurs internet allait se traduire quelques mois plus tard, par le krach de mars 2000 du fait de l’effondrement des valeurs technologiques. C’est une autre configuration qui en 2008 avait provoqué un afflux de liquidités et amené les banques à utiliser ces liquidités sur le marché boursier au détriment de l’emploi. Ce qui avait provoqué une inflation financière perceptible dans l’envolée des cours de bourse et avait
entretenu une déflation salariale. Le retour à la réalité fut brutal. Les profits exceptionnels attendus par les financiers ne furent pas au rendez-vous et le cours des actions dégringola début avril. Avec les records boursiers actuels ne sommes-nous pas en train de vivre la phase préliminaire d’une crise financière, aujourd’hui rampante, mais qui s’annonce plus grave et plus globale que la précédente ? La chute sera d’autant plus dure que les excès boursiers ont été importants.
Le trou d’air de la croissance française, l’insuffisance d’investissements, les premiers reculs de l’emploi, et le déficit extérieur en biens manufacturés prennent sens dans ce contexte. La France et l’Europe ne sortiront du piège qu’en posant la question d’une autre utilisation de l’argent : moins de financements pour entretenir le brasier de la finance, plus de crédit pour le développement de l’emploi, de l’éducation, de la santé, de la culture et une vraie réponse aux besoins sociaux telle est la vision nouvelle à promouvoir d’urgence.