Alors qu’il fermait le portail de son exploitation familiale, dans le hameau U Mandrialu, sur la commune de Sarrola-Carcopino à quelques kilomètres d’Ajaccio (Corse-du-Sud), le paysan de 55 ans, Pierre Alessandri, a reçu plusieurs balles dans le dos, aux alentours de 19 heures, lundi 17 mars. Son décès a ensuite été prononcé dans la soirée, au centre hospitalier d’Ajaccio.
Le producteur d’huiles essentielles, était fervent militant à la Via Campagnola, la Confédération Paysanne en corse, dont il était même le secrétaire général. « Sous le choc », le syndicat qui vient de remporter la chambre d’agriculture sur l’île, a partagé son chagrin dans un communiqué et rappelé qu’il « était très engagé pour défendre l’agriculture en Corse depuis plus de 20 ans ». « Il a toujours été de toutes les luttes pour préserver le foncier agricole en Corse », explique la porte-parole de l’organisation, Laurence Marandola, auprès de L’Humanité.
L’association de lutte contre la corruption Anticor, a aussi souligné que Pierre Alessandri avait, dès 2016, été le lanceur d’alerte « de détournements de subventions européennes aux exploitations agricoles, ce qui avait déclenché l’ouverture d’une enquête ».
Moraliser le secteur agricole corse
Son combat pour moraliser le secteur avait déjà été à l’origine d’un incendie criminel sur l’un de ses hangars de stockage en 2019 entraînant une vague de soutiens des mondes agricole, associatif et politique. Dans un communiqué, le Procureur de la République d’Ajaccio parle d’un « acte criminel qui avait manifestement fait l’objet d’actes préparatoires ». « Différentes auditions de témoins et différents actes d’investigation auront lieu rapidement pour cerner le contexte de cet assassinat » explique encore Nicolas Septe. Il s’agit du quatrième homicide sur le territoire en 2025 et le 33ème depuis 2023.
La Madunnuccia, une fête traditionnelle corse consacrée à Notre-Dame de la Miséricorde, qui s’est tenue mardi, au lendemain de l’assassinat de Pierre Alessandri, a d’ailleurs, été placée sous le signe de la paix, réunissant une foule d’une ampleur inédite. Dans son communiqué, Anticor déplore une « tragédie » s’inscrivant « dans un climat de pratiques mafieuses et corruptives qui gangrènent le territoire corse ». La Confédération Paysanne tire la sonnette d’alarme et « réclame des mesures fortes pour qu’aucun autre militant ne soit la cible de telles attaques ».
Être le journal de la paix, notre défi quotidien
Depuis Jaurès, la défense de la paix est dans notre ADN.
Qui informe encore aujourd’hui sur les actions des pacifistes pour le désarmement ?
Combien de médias rappellent que les combats de décolonisation ont encore cours, et qu’ils doivent être soutenus ?
Combien valorisent les solidarités internationales, et s’engagent sans ambiguïté aux côtés des exilés ?
Nos valeurs n’ont pas de frontières.
Aidez-nous à soutenir le droit à l’autodétermination et l’option de la paix.Je veux en savoir plus !