Les interventions réalisées par les équipes du SAMU se déroulent souvent dans des conditions difficiles psychologiquement pour les patients, leur entourage et les soignants. Pour ces derniers, il faut à la fois montrer une certaine empathie mais savoir aussi garder la distance nécessaire pour prendre des décisions difficiles, dont dépend la vie du patient.
Alors quand le soir de garde de Noël, le motif de départ est un accouchement imminent à domicile, il y a un peu d’angoisse de possibles complications, car accoucher sans préparation à domicile n’est pas dénué de risques. À une certaine époque, l’équipe pouvait intégrer une sage-femme.
Malheureusement, aujourd’hui ce n’est plus le cas, du fait des carences en effectifs à la maternité de l’hôpital. Toutes les sages-femmes sont occupées dans le service. Après 30 minutes de route, l’ambulance arrive sur place, où les pompiers sont déjà présents. Ils ont installé la femme, avec l’aide de son mari, dans l’environnement le plus adapté. Il n’était pas question de la transporter car elle avait perdu les eaux, les contractions étaient rapprochées et elle avait envie de pousser. C’était son troisième enfant et elle était assez sereine, malgré les douleurs de plus en plus importantes. La médecin du SAMU, une jeune femme, n’en était pas à sa première intervention de ce type et a rapidement évalué la situation. La tête du bébé était engagée et tout semblait se dérouler normalement.
Pendant ce temps, l’infirmier posait une perfusion et l’ambulancière installait le matériel, préparé dans ce qui est appelé le kit accouchement qui comprend l’ensemble nécessaire pour accueillir le nouveau-né, le maintenir au chaud en particulier. En quelques minutes, le bébé naît, une petite fille, d’un bon poids et qui a crié immédiatement. Pendant que l’infirmier s’occupe du bébé, la médecin s’assure de l’absence de saignement important chez la maman et assure l’expulsion du placenta. Il s’agit de la période la plus critique de l’accouchement, avec un risque hémorragique qui peut mettre la vie de la mère en danger.
Tout se termine sans complication. Le bébé est mis sur la maman et tout le monde se prépare à rejoindre la maternité, qui est à plus de 45 minutes de route. Tout le monde a le sourire. Une naissance le soir de Noël est toujours une joie pour ceux qui croient au ciel et pour ceux qui n’y croient pas. Cependant, quelques pensées amères perturbent la médecin. La diminution du nombre de maternités et leur éloignement risquent d’augmenter le nombre d’accouchements à domicile, avec les risques qu’ils comportent.
Par ailleurs, est-ce qu’en grandissant cette petite-fille continuera à pouvoir bénéficier d’un système de santé performant ? Elle a des doutes, face aux difficultés qui s’accumulent au fil des ans dans les hôpitaux. Mais elle reprend vite courage en se disant que quand on veut, on peut. Et elle, elle veut pouvoir continuer à travailler dans les meilleures conditions pour sauver des gens.
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