Les Paralympiques avancent, mais les conditions de travail ne s’améliorent pas : les salariés chargés d’accueillir les délégations étrangères lors de ces Jeux olympiques et paralympiques (JOP) ont organisé une heure de débrayage pour protester contre la charge de travail endurée et les heures supplémentaires non payées.
Le forfait jour pointé du doigt
Principal sujet de colère des personnes rassemblées ce vendredi à l’aéroport de Roissy : le « forfait jour ». Cet aménagement au temps de travail s’applique pour des emplois dont la durée de travail ne peut être comptabilisée en nombre d’heures par jour, du fait de la fluctuation des tâches. Le contrat stipule alors un nombre de jours travaillés sur une période donnée, et offre la possibilité aux travailleurs concernés d’être autonomes dans l’organisation de leurs emplois du temps. C’est dans ce cadre qu’ont été recrutés les travailleurs en CDD au cours des JOP.
Mais pour Sarah1 comme pour ses autres collègues mobilisés, le forfait jour est en inadéquation avec leurs conditions de travail, puisque les employés de l’organisation ne disposent d’aucune autonomie dans l’organisation de leur travail, étant donné qu’un planning avec des horaires fixes leur a toujours été imposé.
Et ce planning est chargé, expliquent les manifestants du jour qui évoquent être sur le pont jusqu’à onze heures par jour. « Il nous est demandé de commencer à 13 heures 30 et de rester jusqu’à 23 heures. On veut bien comprendre que les derniers bus arrivent à 22 heures 45, mais à ce moment-là, il faut organiser une autre rotation », conteste la jeune femme. D’autant que les heures supplémentaires ne sont pas rémunérées, puisque avec les forfaits jour, le paiement ne dépend pas du nombre d’heures mais du nombre de jours travaillés. Autre conséquence de ce contrat, les heures de nuit ne sont pas majorées.
Si la formule du forfait jour est clairement stipulée dans le contrat de travail que les salariés ont signé avant de débuter leur emploi, Léo (prénom modifié) affirme que le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) a porté à sa connaissance l’avenant au contrat il y a une semaine seulement. Il regrette de ne pas avoir connu l’ensemble des conditions de son futur travail avant de les avoir acceptées.
Au-delà des problématiques liées au forfait jour, Sarah pointe d’autres griefs : très peu de pauses et de jours de repos accordés ainsi que les défraiements de repas non payés en juillet.
Une mobilisation croissante
Le mécontentement est partagé parmi les salariés, assure Sarah mais un mouvement collectif est difficile à organiser : « Certains collègues ne veulent pas faire grève parce qu’ils ont peur. Quand on est jeune, ce n’est pas facile… ». Kamel Brahmi, secrétaire général de la CGT Seine-Saint-Denis, souligne en ce sens que les salariés sont divisés entre plusieurs sites et ne se connaissent pas.
Cela explique en partie que le premier débrayage n’intervienne que quelques jours avant la fin des jeux paralympiques. Le mécontentement s’est d’abord exprimé de manière individuelle par « l’envoi de mails à nos supérieurs dès le mois de juillet » d’après Sarah. Il s’est peu à peu structuré avec l’appui de la CGT, qui a créé mi-juillet un numéro vert spécialement à destination des personnels mobilisés dans l’organisation des Jeux, afin de leur donner accès à leurs droits. Pour le syndicat, qui a communiqué au sujet des salariés des jeux dès le 14 août, les travailleurs des JOP devraient voir leurs contrats requalifiés, avec paiement des heures supplémentaires et versement d’une prime exceptionnelle pour prendre en compte leur engagement.
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