Triple médaillée d’or paralympique, détentrice du record du monde de saut en longueur et du 400 mètres, Marie-Amélie Le Fur est, depuis 2018, présidente du Comité paralympique et sportif français, qui assure la gestion des équipes de France lors des Jeux Paralympiques et encourage le développement et le rayonnement des parasports en France. Elle revient sur son parcours, qui nourrit aujourd’hui ses engagements et sa détermination à faire des athlètes paralympiques des modèles inspirants et les aiguillons d’une société plus inclusive.
Comment avez-vous été initiée au sport de compétition ?
Le sport a toujours fait partie de ma vie. J’ai commencé l’athlétisme à l’âge de 6 ans, sous l’impulsion de ma grande sœur. Très rapidement, ce sport est devenu une évidence pour le « modèle de compétition que je suis » : j’aime repousser mes limites, chercher la performance individuelle, les records. Juste avant mon accident, j’avais réalisé la 4e performance française de l’année. Mais, à 15 ans, curieusement, je ne rêvais ni des Jeux Olympiques, ni même de faire du sport mon métier, sans doute car je ne savais pas que l’on pouvait en vivre. Mon ambition était de devenir pompier professionnelle. Depuis l’âge de 10 ans, j’étais engagée aux jeunes sapeurs-pompiers pour apprendre le métier.
C’est ce rêve que votre accident a brisé ?
Le 31 mars 2004, j’ai été percutée par une voiture alors que je circulais en scooter. Le conducteur était en tort. Trois jours plus tard, on m’a amputée de la jambe gauche. À ce moment-là, beaucoup de choses s’effondrent. Mais, très rapidement, avec ma famille, mes deux instructeurs pompiers et mon coach, on s’est dit que si le rêve de devenir pompier n’était plus réalisable, il fallait ouvrir un autre champ des possibles. Deux jours après mon amputation, j’ai formulé cette volonté de courir à nouveau en compétition. Je savais que c’était possible car, un an auparavant, durant les championnats du monde d’athlétisme au Stade de France, avait été organisée, entre deux épreuves classiques, une démonstration de course de 1 000 mètres avec des athlètes hommes amputés. Ce moment est resté ancré dans ma mémoire. C’est pour cette raison que, un an plus tard, sur mon lit d’hôpital, tandis que les médecins considéraient comme un échec de n’avoir pu sauver ma jambe, j’ai vu dans l’amputation une opportunité de courir à nouveau, là où une jambe inerte m’aurait davantage handicapée.