Prise pour cible depuis l’annonce de sa possible participation à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques 2024, la chanteuse Aya Nakamura a répliqué ce week-end aux attaques venues de l’extrême droite. Les militants identitaires du collectif « Les Natifs » ont notamment déployé une banderole ouvertement raciste en plein Paris samedi soir, se référant aux origines maliennes de l’artiste française. « Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako », pouvait-on y lire alors qu’un de leur post sur les réseaux sociaux reprochait à Emmanuel Macron de vouloir « remplacer l’élégance française par la vulgarité, (d’)africaniser nos chansons populaires et (d’)évincer le peuple de souche au profit de l’immigration extra-européenne ».
La chanteuse francophone la plus écoutée à l’étranger et aux 8 singles de diamant a riposté sur X (ex-Twitter) : « Vous pouvez être raciste, mais pas sourd… C’est ça qui vous fait mal ! Je deviens un sujet d’état numéro 1 en débats, etc, mais je vous dois quoi en vrai ? Kedal. »
Reconquête ! et Zemmour s’attaquent aussi à l’artiste
Le lendemain, le parti d’extrême droite Reconquête ! n’a pas manqué de s’attaquer à nouveau à l’artiste avec une rhétorique de même nature. « Les bébés aiment la beauté, ils ne votent pas pour le rap, ni pour la Lambada, ni pour Aya Nakamura. Mozart nous le prouve et les bébés le confirment, notre civilisation est prodigieuse ! », a lancé son président Éric Zemmour (en référence à une étude qui aurait prouvé le goût des tout-petits pour le compositeur autrichien), lors du meeting de lancement de sa campagne pour les Européennes, dimanche 10 mars, à la Porte de Versailles à Paris. Tout l’après-midi s’y est orchestré une déferlante xénophobe. Avec l’Islam pour cible principale, le parti d’extrême droite espère à grand renfort de fallacieux concepts – du « francocide » à la théorie complotiste du « grand remplacement » – venir au secours de sa tête de liste Marion Maréchal, donnée sous la barre des 5 %.
N’en déplaise aux racistes de tout poil, Aya Nakamura n’a pas été seule à les dénoncer, d’autres artistes, dont Eva Queen ou les rappeur S.Pri Noir et Dosseh, mais aussi des politiques ont fait de même. « Personne ne mérite ce genre d’action et encore moins une artiste française jugée pour ses origines ou couleur de peau », a ainsi taclé la chanteuse Nej dénonçant des propos « honteux ». « Tout mon soutien à Aya Nakamura pour cette attaque ignoble. Elle est une grande artiste qui fait honneur à la France dans le monde », a aussi réagi le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, quand le député FI Antoine Léaument a fustigé ceux qui « prétendent aimer leur pays mais (qui) veulent en exclure la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde depuis Édith Piaf ».