Le 21 juin, la direction des ressources humaines de la préfecture de police de Paris envoyait à ses agents un « point de situation » les incitant à candidater sur plusieurs fiches de poste « renforts JOP ». Chef de site logistique, agent de traitement, suivi d’équipage, saisie des accréditations… pour effectuer ces différentes missions, la préfecture chiffrait ses besoins à 2 033 agents.
Elle n’avait, ce jour-là, comptabilisé que 414 candidatures. « Malgré les primes, ça ne se bouscule pas au portillon », constate Frédéric Guillo, représentant CGT à la préfecture. Depuis, le différentiel s’est pour partie estompé. « Mais il manquerait encore 700 candidats », estime le syndicaliste.
Avec la désignation, « même le travail de nuit est possible »
Pour y faire face, la préfecture aurait pu choisir de réquisitionner ses agents. Elle a opté pour une autre méthode, la « désignation ». Cette procédure, qui s’appuie sur une jurisprudence du Conseil d’État de 1936 (l’arrêt Jamart), permet aux chefs de service de « prendre les mesures nécessaires à l’organisation de leur service ». « Contrairement à la réquisition, qui doit être remise en mains propres par un officier et porter sur une mission et une période déterminées, la désignation passe par une simple lettre de mission », explique Frédéric Guillo.
À la préfecture, en fin de semaine dernière, tous les agents « non volontaires des JO » ont dû indiquer leurs disponibilités et leurs contraintes personnelles à leurs supérieurs. À charge, pour ces derniers, de leur remettre une « lettre de mission logistique » portant sur une durée de dix-huit jours, répartis sur trois cycles : quatre jours de travail suivis de deux jours de repos. « Les horaires, les missions, tout va changer, prévoit Frédéric Guillo. Même le travail de nuit est possible. »
Pour faire passer la pilule, la préfecture a mis en place un système de « prime JO », allant de 1 600 à 1 900 euros brut, selon la nature de la mission. « Pour l’instant, ça n’a pas suffi à multiplier les vocations », constate Frédéric Guillo, qui croit savoir que « la préfecture s’attend à contrôler de très près les arrêts maladie ». Il promet de résister à la pression. « À chaque fois qu’on nous le demandera, nous saisirons le tribunal administratif. Nous contesterons ces désignations en urgence. » Sollicitée, la préfecture n’a pas souhaité répondre aux questions de l’Humanité.
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