« Tout passe par Parcoursup, on ne peut rien faire pour vous. » À chaque appel aux rectorats ou aux universités, c’est ce que Deva Dibongue, 19 ans, s’est entendu répondre.
Après deux années sans formation, cette bachelière STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) est classée « en attente » depuis le 12 juillet, fin de la phase principale d’admission, pour une licence d’économie-gestion.
La jeune femme s’est donc rapprochée du syndicat étudiant Unef. Pour elle, les refus de ses quinze vœux et sous-vœux s’expliquent par la réputation de son lycée, Jean-Moulin, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) : « J’ai une copine qui est en STMG dans un lycée du Bourget, elle a été prise en licence AES, où j’ai été refusée alors qu’on avait à peu près les mêmes notes. »
Démoralisés, certains renoncent
Elle n’est pas la seule dans ce cas. Selon le gouvernement, près de 85 000 candidats sont toujours dans l’attente d’une proposition d’admission.
Si Deva choisit de « continuer à se battre », d’autres abandonnent. Mudai*, 17 ans, est lui aussi bachelier STMG, dans une petite commune du Jura. « Dans ma classe, les professeurs nous disaient que l’on n’avait pas le profil pour faire de longues études », rapporte-t-il.
Sur la plateforme, il demande plusieurs BTS de relation client (NDRC) : tous refusés. « J’ai vite abandonné. Je me dis que m’engager pour cinq années d’études, c’est peut-être une perte de temps. Mon père travaille à l’usine, il m’a toujours dit que si je bossais là-bas, ça ne voulait pas dire que j’avais raté ma vie. »
Des erreurs que l’on paie cher
À 17 ans, Hudayfa Bouafi vient d’un lycée général de Chelles (Seine-et-Marne). À l’issue de la première phase, aucun de ses vœux en licence de science politique ou de droit n’a été accepté. « J’explique ces refus par mes absences en terminale, dues à des raisons familiales. Malheureusement, je ne l’ai pas précisé sur Parcoursup », regrette-t-il.
Dans les dédales de la plateforme, une faute ou un oubli sont vite arrivés. Emmanuelle, 18 ans, a refusé par erreur une classe préparatoire droit-économie au lycée Turgot, dans le 3e arrondissement de Paris. Après des échanges avec la plateforme, elle réussit à être placée première sur liste d’attente de cette formation. On lui conseille d’attendre.
Mais depuis, sa position n’a pas évolué. Elle multiplie donc les appels, mails et déplacements entre Grenoble, sa ville d’origine, et la capitale, pour tenter de rencontrer quelqu’un. En vain.
« J’y pense tout le temps, je suis vraiment démunie. J’ai contacté des élèves de la prépa, et certains ont été acceptés fin août ou début septembre, l’année dernière, donc ça me rassure un peu. Mais tout cela me stresse beaucoup », confie la jeune femme.
« J’ai beaucoup de mal à dormir »
Pour les réorientations, c’est la même rengaine. Après une première année de licence d’arts à Nîmes, Joachim Da Costa, 20 ans, tente d’intégrer des BUT métiers du multimédia et de l’Internet (MMI), mais il est placé en liste d’attente : « On est dans le flou, on n’a aucun accompagnement. Je me sens très seul. »
Le jeune homme a obtenu un entretien téléphonique avec une conseillère Parcoursup, qui lui a indiqué d’autres filières avec des places disponibles, comme en BUT cybersécurité… bien loin de ses intérêts.
Joachim confie : « Tous les matins, je me connecte sur Parcoursup, au moment où les listes sont actualisées. J’ai beaucoup de mal à dormir depuis les premiers résultats. »
*Le prénom a été modifié