Depuis fin 2023, Palantir est en charge de tout le volet intelligence artificiel du projet Maven du Pentagone, auquel participe aussi Anduril, sur le volet des drones, ou encore Microsoft. Le nom officiel du programme est « équipe interfonctionnelle de guerre algorithmique ». C’est un ensemble d’applications militaires qui tournent derrière une interface simple, intuitive, propulsée par AIP, l’outil phare de Palantir. Un peu comme avec ChatGPT ou les autres IA génératives intégrant un large modèle de langage, l’opérateur militaire échange avec AIP via un canal de discussion.
Si ce dernier pose par exemple la question de l’état des forces ennemies dans une zone précise, l’outil mobilise les satellites, radars, sentinelles autonomes sur ce secteur… pour construire une carte et dresser un état des lieux. Si l’opérateur a besoin de plus de détails ou d’images vidéo, l’interconnexion avec les services d’Anduril permet d’envoyer des drones de reconnaissance. L’IA de Palantir pointe alors à l’opérateur toutes les forces armées et véhicules ennemis sur la carte détaillée.
L’IA peut aller jusqu’à suggérer une frappe de drone sur une cible
Ce n’est pas tout. L’IA peut piocher, selon ce qu’elle a à disposition, dans les télécommunications, les données de géolocalisation, les fichiers médicaux, rapports de police, activités bancaires, la vidéosurveillance… pour identifier des comportements ou des personnes suspectes.
Dernière étape, l’intelligence artificielle peut aller jusqu’à suggérer une frappe de drone sur une cible. En tâche de fonds, AIP est aussi censée maintenir une surveillance permanente sur les points chauds du globe et alerter si elle a l’impression que des fortifications sont érigées ou que des troupes sont déplacées. C’est elle qui aurait ainsi détecté une activité suspecte, puis guidé les dernières frappes « préventives » au Yémen.
Sur le terrain militaire, Palantir a fait ses armes en Irak et lors d’opérations officieuses au Moyen-Orient, ou au service d’Israël pour frapper Gaza et le Hamas. Elle est d’ailleurs reconnue aux États-Unis comme l’entreprise qui a débusqué Ben Laden au Pakistan. Mais elle est également aujourd’hui en Ukraine, où elle a déployé des satellites pour permettre aux forces ukrainiennes d’avoir une vue en temps réel du front.
Lorsqu’il en parle, le patron de l’entreprise, Alex Karp, ne voit pas tant son action comme un soutien contre l’invasion russe, mais plutôt comme une formidable opportunité de tester son outil dans une vraie guerre. Lors d’une conférence avec ses actionnaires, le milliardaire (8,4 milliards de dollars de fortune personnelle en mars 2025, selon Forbes) a résumé ainsi son action : « Palantir est là pour « disrupter », faire que les institutions avec lesquelles nous travaillons deviennent les meilleures au monde et, lorsque c’est nécessaire, pour effrayer nos ennemis et parfois les tuer. »
La France, 3e marché de Palantir au monde
À l’origine de Palantir, aux côtés d’Alex Karp, on retrouve Peter Thiel. Quand ce dernier était patron et fondateur de Paypal, il a dû faire face à l’augmentation des fraudes sur son service de paiement. L’entreprise avait alors développé un algorithme détecteur de transactions suspectes, qui fonctionnait si bien que Thiel a eu l’idée de l’adapter à l’antiterrorisme, et ainsi de profiter de l’afflux d’argent public qui a suivi les attentats du 11 Septembre 2001.
Voilà comment en 2003 est née Palantir, avec, dès l’origine les subsides d’In-Q-Tel, le fonds d’investissement de la CIA. Et si aujourd’hui l’entreprise dispose d’autant de données, c’est qu’une grosse douzaine d’agences gouvernementales états-uniennes (NSA, CIA, FBI…) sont ses clients, tout comme… la DGSI française. L’entreprise vend aussi une version de son programme de gestion et de visualisation des données aux grands groupes, dont la Société générale, Sanofi, Stellantis, Airbus… Selon son directeur France, notre pays est le troisième marché de Palantir au monde.
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