La gauche cherche à peser sur l’agenda économique et social du futur gouvernement. Après une délégation du PS lundi, c’était au tour des communistes et écologistes d’être reçus, ce mercredi à Bercy. « Nous voulions connaître les marges de manœuvre », a expliqué Fabien Roussel au terme de plus d’une heure d’entretien. Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) était venu porter « un budget de changement ». « On veut des mesures sur les salaires, le pouvoir d’achat, la facture énergétique, les services publics et notre industrie », prévient-il.
L’enjeu de ces discussions avec la gauche pour le gouvernement est de voir s’il existe un « chemin étroit » pour éviter la censure, notamment au moment du budget 2025 qui sera bientôt examiné, dans la version laissée par le gouvernement Barnier, le mardi 15 janvier au Sénat. Aussi, le premier ministre François Bayrou a-t-il dépêché Éric Lombard, ministre de l’Économie et des Finances proche des socialistes pour discuter avec les représentants des forces de gauche.
Des ouvertures sur le dossier des retraites
Celles-ci ne sont pas dupes et font connaître leurs exigences. « On est venu ici dire est qu’on ne peut pas se retrouver avec le même budget que celui de Michel Barnier, que nous avons censuré parce qu’il était mauvais », a prévenu Fabien Roussel. Une attitude partagée à gauche : lundi, Olivier Faure avait déclaré que « nous sommes prêts à prendre nos responsabilités à nouveau, y compris par la censure ».
La délégation communiste, à laquelle participaient les présidents des groupes GDR à l’Assemblée nationale et CRCE-K au Sénat André Chassaigne et Cécile Cukierman, les députés Nicolas Sansu (PCF) et Emmanuel Maurel (GRS), a notamment évoqué le dossier de la réforme des retraites passée en 2023 avec l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution.
« Ils ont entendu le message. Nous attendons l’arbitrage du premier ministre » à ce sujet, confie Fabien Roussel. Des discussions, il ressort qu’il n’y a pas de « fin de non-recevoir » pour suspendre la mesure d’âge qui a porté à 64 ans l’ouverture des droits à une pension. Jusqu’ici, le gouvernement n’ouvrait la porte qu’à des discussions à la marge, sans accepter pour autant la suspension exigée par la gauche.
La délégation a également demandé des ressources nouvelles pour le budget de l’État et défendu la nécessité d’une « fiscalité sur le capital plutôt que de taxer les bas revenus », informe Fabien Roussel, qui attend des annonces lors du discours de politique générale de François Bayrou, programmé mardi.
« On reste un peu sur notre faim », estime le dirigeant communiste qui dit avoir « demandé de réelles négociations. Elles restent ouvertes comme une porte qui s’entrebâille. Nous avons mis notre pied dedans et nous voulons continuer de la pousser ». La question est posée : le gouvernement souhaite-t-il réellement payer le prix d’une non-censure de la gauche en changeant radicalement de politique, ou se tournera-t-il comme le gouvernement Barnier, vers l’extrême droite ? Premier élément de réponse mardi, lors du discours de François Bayrou à l’Assemblée nationale.
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