Les habitués des Triplettes de Belleville, à Paris, ont assisté à une scène inhabituelle mercredi 19 mars au soir. Devant ce restaurant du 20e arrondissement, une vingtaine de militants CGT distribuent des tracts dénonçant l’éviction de Souleymane Touré, cuisinier employé et hébergé par le propriétaire de l’établissement. Renvoyé de son logement avec sa femme et son fils de 16 mois, il réclame justice.
Venu de Mauritanie en 2018, Souleymane Touré pensait bâtir une vie meilleure en France. À son arrivée, il est embauché comme agent polyvalent par le propriétaire de l’établissement, qui en possède plusieurs à Belleville. L’employeur lui propose une chambre au-dessus d’un de ses restaurants… sans contrat de bail. « C’est une pièce de 10 m², avec un placard en guise de douche et un coin cuisine », décrit Jean-Albert Guidou, secrétaire général de la CGT Bobigny, qui a pris en charge le dossier après un signalement. « Il y vivait avec sa femme et leur bébé. Ce logement ne répond pas aux normes d’habitabilité, encore moins pour trois personnes. »
Faute de mieux, la famille y reste six ans. En octobre 2024, la situation se tend car le tenancier veut augmenter de 10 euros le loyer de 580 euros. « Ce n’est pas grand-chose, mais je ne pouvais pas me le permettre », explique Souleymane Touré, payé environ 1 200 euros par mois pour 41 heures hebdomadaires, bien que son planning officiel en mentionne 38. Son refus n’empêche pas l’employeur de prélever 590 euros. Et lorsqu’il proteste, on lui