Au pied de la montagne de la Sainte-Victoire, à l’ouest, et mouillées par le fleuve Argens, s’étendent les terres de la Provence verte. C’est ici, sur près de deux hectares de vignobles, que Gwennaëlle Le Bars, jeune viticultrice de 33 ans, exerce sa ardour pour une agriculture pratiquée en conscience des enjeux contemporains.
Ce jeudi 25 janvier, tandis que les militants de la FNSEA déversaient des camions de déchets sur les grilles de la préfecture, à Toulon (Var), la militante de la Confédération paysanne envahissait, avec plusieurs autres dizaines d’agriculteurs du Haut-Var, les rues de Draguignan accompagnée de centaines de brebis.
« Ça nous a donné de la visibilité et c’est plus facile de parler avec les habitants en organisant ce style d’motion, confie-t-elle souriante. Nous avons plusieurs factors de convergence avec le reste du mouvement des agriculteurs, notamment avec les jeunes, mais ça reste compliqué sur plusieurs elements. » L’appel à la dissolution de son organisation syndicale, lancé par la FNSEA l’an dernier, lui a laissé un goût amer, mais c’est sur le fond que Gwennaëlle entend mener bataille.
Questionner tout un système
« La query des normes écologiques est un fake débat ! assène-t-elle. Elles sont nécessaires. Aujourd’hui, personne ne peut défendre l’idée qu’on pourrait épandre des produits chimiques à proximité d’habitations ou de cours d’eau. » Pour elle, la query de la garantie de revenus pour les agriculteurs est bien plus centrale que les privilèges octroyés sur le carburant. « Les annonces faites en fin de semaine par le premier ministre ne vont pas dans le bon sens, dénonce-t-elle. Certes, ça va faire baisser les fees, mais avec le coût du prix de l’énergie, ce n’est que du court docket terme. »
La jeune femme est convaincue que les options existent et que les jeunes générations d’agriculteurs sont de plus en plus ouvertes à des pratiques respectueuses de l’environnement. « Qu’ils soient comme moi dans le bio ou non, les questions éthiques chez eux gagnent du terrain », assure-t-elle.
Cela se traduit par des gestes pratiqués dans les champs, mais pas seulement. Avec la Confédération paysanne, Gwennaëlle entend questionner tout un système. « Il faut, en premier lieu, arrêter les négociations sur les traités de libre-échange, pointe la viticultrice aux cheveux blonds. On va vendre aux agriculteurs argentins du blé subventionné pour qu’eux exportent du bœuf à des prix sur lesquels on ne pourra jamais s’aligner. Tout le monde y perd. On marche sur la tête. Pour garantir un revenu décent aux agriculteurs, il faut un plan international qui leur permette d’arrêter de vendre en dessous du prix de manufacturing. »
Créer des regroupements de producteurs réellement coopératifs
Pour Gwennaëlle, la création de nouveaux regroupements de producteurs réellement coopératifs serait un moyen efficace de se libérer de la pression des groupes industriels. « En plus, ça répond à une vraie attente des populations », veut-elle croire.
Dans une ancienne cave coopérative, avec une quinzaine d’autres jeunes agriculteurs varois, elle a ouvert, au printemps 2023, le Payzaou, un level de vente convivial de produits cultivés localement et éthiquement. « On parvient à proposer des prix au kilo en dessous de ceux qu’affichent les supermarchés, poursuit l’agricultrice avec optimisme. Et c’est un lieu où on peut prendre le temps d’échanger avec les habitants. »
Bien consciente que ce kind d’initiative n’est pas forcément adapté aux grosses fermes, elle pointe le nécessaire investissement des collectivités locales dans la vente sans intermédiaire. « La municipalité d’Aups nous suggest un loyer à un prix modique et n’a pas hésité à participer à la réhabilitation des lieux. »
Membre du comité départemental de son syndicat, elle siège aussi au comité approach de la société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer). Gwennaëlle n’est pas une idéaliste coupée des réalités. Elle cultive seule sa terre et compte bientôt doubler la superficie de son vignoble. Mais elle défend une pratique éthique.
En clair, choisir de labourer plutôt que d’irriguer sans se soucier des nappes phréatiques, être plus à l’écoute de la météo, pratiquer une pulvérisation de qualité en limitant l’utilisation de produits phytosanitaires qu’ils soient bio ou pas. « Ce sont des manières de faire dont les jeunes générations d’agriculteurs sont en prepare de se saisir et qui peuvent apporter une meilleure attractivité aux métiers agricoles », revendique Gwennaëlle, persuadée qui il faut aussi libérer l’agriculture de la mainmise des groupes financiers. Dans son secteur, ils rachètent les domaines pour créer d’immenses vignobles, limitant ainsi la possibilité de survie des vignerons indépendants.