« On leur a confié notre fils et il est mort. » Ces quelques mots, concis, sont douloureusement prononcés par la mère de Jérémy, Valérie Wasson, appuyée contre le plan de travail de sa cuisine, pour résumer le cauchemar qu’elle traverse avec son mari, Frédéric, et ses deux autres enfants depuis quatre ans. Ensemble, ils seront à nouveau confrontés, ce lundi 24 juin, à la société de construction, tenue responsable en première instance de la mort de Jérémy, lors d’une audience à la cour d’appel de Paris.
Dans l’entrée de la maison d’un quartier tranquille de l’est de l’Île-de-France, trône un immense portrait de son fils qui aurait aujourd’hui 25 ans. De même que son frère jumeau Tanguy, Jérémy se rêvait ingénieur, mais, le 28 mai 2020, une succession d’erreurs et la négligence d’une entreprise, Urbaine de Travaux, propriété du groupe Fayat, l’en empêcheront définitivement.
Alors en première année à l’École spéciale des travaux publics du bâtiment et de l’industrie (ESTP), Jérémy Wasson avait 21 ans lorsqu’il a entamé, vierge de toute expérience professionnelle, un stage d’observation qui devait durer un peu moins de deux mois dans l’entreprise, marraine de sa promotion.
Dès son quatrième jour, le jeune étudiant est envoyé seul sur le toit du chantier du centre de commande de la SNCF, dans le cadre du projet Éole à Pantin (Seine-Saint-Denis), d’où il a fait une chute de plus de 5 mètres, en passant à travers une trémie de désenfumage.