François Bayrou avait qualifié d’« humiliation » et de « faute » certaines inspections d’agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), lors de son discours de politique générale. Il avait allégué que ceux-ci se rendaient, « une arme à la ceinture », dans une « ferme déjà mise à cran par la crise ». En réaction, l’intersyndicale de l’office avait demandé à tous les agents de « rester au bureau », en cessant toutes les missions de police, toutes les missions vers le monde agricole et en arrêtant de remettre des avis techniques.
Et la mobilisation continue pour ces policiers de l’environnement, chargés notamment de faire respecter les règles en matière d’usage des pesticides, d’arrachage de haies ou de respect des arrêtés sécheresse, mais aussi de contrôler les chasseurs, de lutter contre le braconnage ou le trafic d’espèces protégées.
Un appel à la grève a été lancé avec plusieurs manifestations prévues devant des préfectures, ce vendredi 31 janvier. Ce mouvement est très largement suivi (par 67 % à 100 % des agents) sur plus des trois quarts du pays, selon l’intersyndicale à l’initiative du mouvement.
« Nous servons vraiment de boucs émissaires »
Et les agents comptent bien se faire entendre par leurs manifestations mais aussi des « dépôts symboliques de l’étui discret ». Un geste qui tend à critiquer la circulaire signée le 3 décembre par les ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique, Annie Genevard et Agnès Pannier-Runacher, qui oblige les agents à avoir un « port d’arme discret » lors de leurs passages dans les exploitations.
Une mesure qui doit être « annulée » pour les syndicats de l’OFB tant elle représente « un danger pour les agents par la confusion qu’il fait naître dans l’esprit des agriculteurs et est en fait inapplicable ».
« Nous servons vraiment de boucs émissaires », avait d’ailleurs réagi Sylvain Michel, co-secrétaire adjoint de la CGT OFB au moment de la circulaire. La décision était censée apaiser certaines organisations syndicales agricoles qui jugent les contrôles de ces agents trop pressants et intimidants.
« Sanctuariser les effectifs »
Et pour cause. Des pancartes « OFB tueurs d’agriculteurs » ont été présentes lors de manifestations du secteur, et des déchets, fumiers et pneus ont été déposés auprès des locaux des services départementaux par le syndicat très droitier de la Coordination rurale. Selon une « mission flash interministérielle » consultée par l’Agence France-Presse, « près de 70 implantations » de l’OFB ont été la cible d’« exactions » en 2024.
Ainsi, dans le contexte des élections pour les chambres d’agriculture, les tensions entre cet organisme public et les agriculteurs ont été une nouvelle fois ravivées, jeudi 30 janvier, à la suite de propos rapportés dans Le Monde d’un syndicaliste agricole relayant des appels à « brûler » des voitures d’agents si ceux-ci revenaient contrôler les fermes. Les organisations syndicales des policiers de l’environnement réclament ainsi de « protéger les implantations et les personnels de l’OFB contre toute agression ou attaque, quel que soit le syndicat agricole qui en est à l’initiative ».
Les questions de l’armement et de la sécurité sont toutefois loin d’être l’unique raison pour laquelle les policiers de l’environnement se mobilisent. L’intersyndicale demande également de « sanctuariser les effectifs de l’OFB » (plus de 3 000 agents dont 1 700 sur le terrain) et de revenir sur « la baisse drastique envisagée du budget » de cet organisme public. Les syndicats demandent également une lettre du premier ministre à tous les agents « exprimant son soutien ferme ».
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