De l’aveu même de la Commission européenne, la fraude et l’évasion fiscale sont un terrible fléau qui « réduit la capacité des pays de l’Union européenne (…) à mettre en œuvre leurs politiques économiques et sociales ». Ce constat est aussi troublant que déconcertant. Car, concrètement, que fait la Commission pour stopper cette hémorragie financière estimée au bas mot à 1 000 milliards d’euros ?
Rien, au motif qu’il n’existe pas de politique fiscale commune. Cette fuite de capitaux, pourtant essentiels, est organisée et tolérée jusque sur le sol européen. L’Irlande, qui ne compte pas moins de 55 000 sociétés offshore, le Luxembourg, les Pays-Bas, Chypre ou encore Malte sont de véritables paradis fiscaux ; ces États membres ne sont pourtant pas blacklistés. Quant aux multinationales, championnes en matière d’optimisation fiscale, elles sont elles aussi connues, mais, là encore, pas une sanction ne tombe. Et pour cause, l’UE s’est érigée en actrice de premier plan de la concurrence fiscale mondiale.
En France, le gouvernement laisse les mains libres à la délinquance financière, passée reine dans le détournement d’argent pour ne pas payer d’impôts. Le manque à gagner pour les caisses de l’État est considérable. Qu’à cela ne tienne, la réponse de l’exécutif s’inscrit dans les clous de Bruxelles et ne tient qu’à un mot : austérité. Du moins, une rigueur à géométrie variable. Aux manettes des Finances, Bruno Le Maire est en guerre et le fait savoir en taillant dans la protection sociale, l’assurance-chômage, etc. Son obsession : la fraude sociale. Le locataire de Bercy vante de prétendus « résultats historiques » en matière de lutte contre la fraude fiscale, mais sans chiffres tangibles. Une façon de passer sous silence les innombrables cadeaux fiscaux offerts aux multinationales et autres grandes fortunes avec la suppression de l’ISF.
Pas étonnant que la candidate macroniste ne pipe mot sur la question, pas plus que la droite et l’extrême droite d’ailleurs. Sans doute parce que la justice fiscale est le levier le plus efficace pour s’attaquer aux injustices sociales. En 2017, le groupe communiste avait fait adopter à l’Assemblée nationale une résolution demandant au gouvernement français d’être à l’initiative d’une « COP de la finance mondiale pour l’harmonisation et la justice fiscale ». Ce texte reste d’une brûlante actualité, à l’heure où des sommes vertigineuses fructifient à l’ombre des paradis fiscaux, en toute impunité.
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