Le ciel lui est tombé sur la tête. Le dimanche 9 juin au soir, « j’ai reçu un coup de massue », se souvient Nagham Bramardi. Elle venait d’apprendre le score du Rassemblement national (RN), puis la dissolution de l’Assemblée nationale.
Depuis des semaines, avec d’autres parents d’élèves de l’école l’Orme-au-Chat, à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, elle luttait pour le remplacement de professeurs. « Ça venait de payer », souligne-t-elle. Le lendemain, aux autres militants, elle envoie un message suggérant qu’ils écrivent un manifeste appelant à l’union de la gauche.
À cette heure-là, les forces politiques ne se sont pas encore accordées sur le lancement d’un Nouveau Front populaire (NFP). Le message de Nagham Bramardi passe aussi chez les enseignants, et une assemblée générale se tient dès le mercredi, avec des citoyens du monde associatif, des cinéastes, quelques représentants de partis politiques, des militants d’Attac, des écologistes, des syndicalistes. Depuis, un tract a été diffusé pour mobiliser contre l’extrême droite et en faveur du NFP.
Renouveler l’exploit historique de 1936, en une seule semaine
C’est toute l’originalité de cette nouvelle union de la gauche. Elle ne procède pas que d’en haut. Elle prône la participation des mondes associatif et syndical. Certes, le NFP n’est pas encore parvenu à pousser l’intégration des associations et organisations de travailleurs au même niveau que celui atteint par son ancêtre de 1936.
Mais le Front populaire historique a eu deux ans pour se structurer. Ici, tout s’est fait en une semaine. Et ce n’est pas terminé : « Nous voulons faire évoluer le programme en consultant les syndicats et associations », précise Igor Zamichiei, coordinateur du PCF. À tel point que si des syndicats et associations se limitent à appeler à voter en faveur du NFP, d’autres ont carrément décidé d’en intégrer les rangs.