L’annonce par le gouvernement de passer d’un à trois les jours de carence en cas d’arrêt maladie des agents de la fonction publique n’a fait que souffler du vent sur des braises déjà ardentes. « Au lieu d’agiter la matraque sur les fonctionnaires, l’équipe de Barnier ferait mieux d’augmenter les budgets alloués à la Santé », cingle Christophe.
Vêtu de son chasuble bleu aux couleurs de l’UNSA, cet ambulancier fait partie de la centaine de personnes venues se rassembler sur la place des Invalides, ce mardi 29 octobre, à quelques pas seulement de l’Assemblée nationale où se joue l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
« L’austérité tue l’hôpital »
Depuis sa présentation le 10 octobre, la colère ne cesse de se propager chez les professionnels de santé. Au point de les pousser à se mobiliser à l’appel de quatre syndicats (CGT, FO, SUD et l’Unsa) pour dénoncer les faibles dépenses prévues dans le PLFSS. « Le gouvernement fixe une hausse de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) à 2,8 % alors qu’elle devrait a minima être de 6 % compte tenu de l’inflation des dépenses en santé », regrette Stivala Mireille, secrétaire générale CGT de la fédération santé et action sociale.
Autour de la syndicaliste flottent les pancartes. « L’austérité tue l’hôpital », dénonce l’une d’entre elles. Le sol, quant à lui, est jonché de mannequins arborant des affiches placardées sur leurs torses. « Emma, femme enceinte, à Bordeaux, a perdu son bébé après des transferts incessants entre services en pleine crise estivale. 2024 », détaille l’une d’elles.
Les raisons de brandir l’étendard sont légion. Que ce soit la hausse du ticket modérateur sur les consultations des médecins et des sages-femmes, augmentant de 40 % le reste à charge pour les mutuelles ou complémentaires santé. Ou encore la baisse annoncée de la prise en charge par la Sécurité sociale des indemnités journalières.
« Les conditions à l’hôpital sont déjà tellement dégradées. Il n’y a qu’à voir les listes d’attente dans l’établissement où je travaille. Nous sommes trois soignants pour 18 patients et pourtant on continue de faire des économies sur notre secteur », se désole Émilie Vial, déléguée syndicale CGT et aide-soignante à l’hôpital de gériatrie Emile-Roux, à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne).
Grève reconductible
Derrière elle, une caisse de son diffuse en boucle une remouture du chant des partisans : « Motivés, il faut rester motivés ». Un conseil suivi à la lettre par Cyrille Gervais, ouvrier chez Michelin, venu soutenir à la fois les professionnels de santé mais aussi les salariés de l’industrie chimique.
« Toutes les luttes sont égales. La droite au pouvoir tente de détricoter tous les conquis sociaux obtenus depuis la Libération. J’ai par exemple connu le 100 % Sécu alors qu’on s’en éloigne aujourd’hui », constate le quinquagénaire.
Logiquement, la volonté du gouvernement de faire des économies sur la Sécurité sociale catalyse les crispations parmi les participants du jour. Hadja Djebbari, béret noir enfoncé sur la tête, regrette que cette décision « persiste à aggraver les problèmes financiers des hôpitaux publics et empêche davantage les jeunes de se diriger vers les professions hospitalières ». Pour cette secrétaire départementale Sud Santé Sociaux au centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre, il conviendrait plutôt « de revoir le modèle de financement des établissements de santé en mettant fin à la tarification à l’acte ».
Ne reste plus que sa voix ainsi que celles des autres organisations syndicales soient portées sur le terrain politique. « Si les députés laissent passer ce PLFSS, ils ne pourront pas ensuite se plaindre d’un manque d’argent alloué aux hôpitaux dans leurs circonscriptions respectives », considère de son côté Didier Birig, secrétaire général des services de santé chez FO.
Et nul doute que l’intersyndicale sera là pour leur rappeler. Elle prévoit déjà des mouvements de grève reconductible entre le 4 novembre et le 21 décembre, période d’examen du PLFSS au Parlement.
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