Chez General Electric (GE) en Loire-Atlantique, cette semaine sonne la fin d’une douloureuse trêve de Noël et une sinistre rentrée pour l’éolien offshore français. L’annonce du géant américain, en septembre, d’un « plan de restructuration massif », prévoyant de sabrer 140 des 420 postes à l’usine de Montoir-de-Bretagne (près de Saint-Nazaire) et 220 sur les quelque 398 cadres et ingénieurs du bureau de Nantes, a eu l’effet d’une bombe.
Depuis trois mois, salariés, soutiens et élus locaux sont mobilisés pour sauver les deux sites tricolores, en marge de négociations musclées qui ont été menées entre les organisations syndicales (CGT et CFE-CGC) et la direction, avant d’être prématurément suspendues, le 19 décembre, au vu de l’ampleur des mobilisations menées.
Entre-temps, le directeur de GE Vernova, la branche énergies du groupe, avait déclaré, en novembre, vouloir geler toutes ses recherches de commandes, attisant la colère des salariés épargnés par le plan social, sans aucune perspective au-delà de 2027, année de livraison des derniers contrats en cours aux États-Unis et en Angleterre.
Reprise des blocages
Ce jeudi 9 janvier, les représentants syndicaux de Montoir, où sont fabriquées des nacelles d’éoliennes en mer, se réinstallent autour de la table des négociations, après avoir obtenu de GE la sauvegarde de neuf postes supplémentaires. Mais le bras de fer se poursuit. « C’est inadmissible, les mesures sociales pour ceux qui vont partir sont minables et les conditions de travail pour ceux qui vont rester ne sont pas viables », s’époumone le délégué CGT Jonathan Géraud. Le syndicat majoritaire, qui a déjà repris les blocages de certaines structures contraignant les gros arrivages, n’a, pour l’heure, pas l’intention d’apposer sa signature au « plan de sauvegarde de l’emploi » (PSE), attendue en CSE, le 16 janvier.
D’autant qu’en janvier 2024, l’usine tournait à plus de 1 000 personnes avec les intérimaires, contre à peine plus de 400 un an plus tard, dont 398 CDI. « Continuer à réduire la voilure aura également de terribles conséquences sur les sous-traitants et prestataires avec qui nous collaborons », fustige Jonathan Géraud. De son côté, la CFE-CGC de l’usine est plus encline à rendre un avis favorable à l’issue de ces réunions, espérant sécuriser les quelques avancées arrachées à leur hiérarchie.
Le deuxième syndicat juge toutefois ces avancées très insuffisantes. Pour Malwen Salaun représentant du syndicat des cadres, « le plan, qui touche un tiers des effectifs de l’usine de Montoir et 58 % à Nantes ; va engendrer un important report de charges et, de fait, des risques psychosociaux graves pour ceux qui resteront ».
Problèmes de sécurité
Sur le site de Nantes, les réunions ont repris, lundi, pour une ultime session d’échanges avant le CSE du 16 janvier. Concernant les cadres et ingénieurs, la direction propose de revoir à la baisse d’une trentaine de postes les 220 suppressions annoncées initialement (dont 10 sont vacants, soit 20 emplois sauvés).
Offre non satisfaisante pour le délégué syndical CFE-CGC du site, Cyrille Gohier, qui s’inquiète également des problèmes de sécurité. « Poser des éoliennes en mer est dangereux. Comment continuer à le faire sans prendre de risques si les effectifs sont divisés par deux ? » s’interroge-t-il. Malwen Salaun, de la CFE-CGC à Montoir, abonde : « Nous allons fatalement perdre des compétences, nous rendant plus fragiles. »
Depuis que le géant américain a racheté la branche énergie d’Alstom en 2015 avec l’aval d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, plus de 3 000 emplois ont disparu, alors qu’il promettait d’en créer 1 000. « Ces deux plans sociaux sont la preuve du scandale de cette vente, fulmine Aymeric Seassau, responsable des questions industrielles au PCF et élu nantais. C’est une catastrophe sociale, alors que les suppressions d’emplois s’enchaînent dans l’industrie. Et c’est une catastrophe aussi quant à notre capacité à répondre aux enjeux climatiques. GE met à mal la filière de l’éolien offshore qui s’est développée depuis 2013 avec le port de Saint-Nazaire et les Chantiers de l’Atlantique. »
Pour Matthias Tavel aussi, député FI du Territoire de Belfort, lieu d’implantation historique de GE en France, une fermeture de ces deux sites, derniers producteurs d’éoliennes offshore dans l’Hexagone avec l’usine du Havre de l’allemand Siemens, serait un signal alarmant quant à la souveraineté énergétique de la France.
Alors que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3) est encore dans les tuyaux, l’élu rappelle que « le développement des énergies renouvelables et de l’éolien en mer est impératif dans un souci de décarbonation de l’électricité ». Lui comme le PCF somment le nouveau gouvernement de s’emparer urgemment du dossier. « Nous prenons le même chemin que pour le photovoltaïque, prévient Matthias Tavel. En ne pérennisant pas cette industrie, nous l’offrons encore au marché chinois. »
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