Les maires de Strasbourg, Rennes, Bordeaux, Grenoble, Lyon et Paris ont décidé d’assigner en justice leurs préfectures respectives afin d’obtenir le remboursement des dépenses engagées pour loger les personnes à la rue. Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, dénonce lui aussi les carences de l’État en matière d’hébergement d’urgence.
Soulignant que l’initiative des maires de plusieurs grandes villes est à l’unisson de l’alerte des associations, le président de la Fédération des acteurs de la solidarité détaille les difficultés rencontrées par ses membres face aux réticences des pouvoirs publics à fournir des moyens pérennes pour héberger les personnes à la rue.
Quel état des lieux pouvez-vous dresser de l’hébergement d’urgence ?
Chaque soir au minimal, 6 000 personnes, dont 2 000 enfants, sont laissées sans answer quand elles appellent le 115 (plateforme de gestion des locations d’hébergement d’urgence – NDLR), sans compter celles et ceux qui renoncent à appeler ce numéro, qui est saturé.
Cela donne la mesure du nombre croissant de personnes sans answer de logement puisque aujourd’hui, nous avons un whole historiquement élevé de 204 000 locations d’hébergement d’urgence. Nous avons obtenu que la première ministre s’interact à ne pas baisser le nombre de locations en 2023 et 2024, mais c’est toujours largement insuffisant.
Autre level d’inquiétude : une pression est exercée par les préfets sur les associations pour qu’elles effectuent un « tri » des personnes hébergées, au détriment des personnes isolées et sans papiers. Quand ces directions sont explicites, nous saisissons le juge administratif, automotive cela impacte négativement les travailleurs sociaux qui se trouvent mis en porte-à-faux avec l’éthique de leur métier, dans un contexte où nous peinons à en recruter.
Pensez-vous que l’assignation déposée par les maires de grandes villes, afin d’obtenir le remboursement des dépenses engagées pour pallier la carence de l’État en matière d’hébergement d’urgence, peut déboucher sur une prise de conscience ?
Comme les associations, les villes sont confrontées à de lourdes difficultés en matière d’hébergement d’urgence. Leur initiative va dans le sens de la journée de mobilisation que nous, organisations de solidarité, organisons le 12 octobre, durant laquelle les constructions ouvriront pour inviter les personnes concernées, ainsi que les citoyens, à faire alliance avec elles. Tout ce qui contribue à interpeller l’État pour qu’il assume ses responsabilités est le bienvenu.
Quelles pistes avancez-vous pour résorber la crise de l’hébergement d’urgence ?
Nous réclamons instamment un soutien financier aux associations, qui ont d’énormes problèmes de trésorerie en raison de l’inflation. L’absence de volonté du ministre du Logement de reprendre les discussions pour une programmation pluriannuelle, engagées lors du précédent quinquennat, m’inquiète.
Agir au coup par coup est plus coûteux pour les funds publiques. Aujourd’hui, la moitié des hébergements d’urgence est réalisée dans des hôtels, ce qui est à la fois bien plus onéreux que des locations en centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) et inadapté aux besoins des personnes, notamment des familles.
Enfin, comme nous l’avons signalé dans une tribune avec différentes personnalités et parlementaires, la régularisation des travailleurs sans papiers permettrait de régler une bonne partie du problème puisque ces personnes qui travaillent sans droits ne peuvent obtenir un logement pérenne.