Les élections aux chambres d’agriculture ont beau avoir eu lieu il y a plus d’un mois, la bataille électorale n’est pas encore finie. En coulisse, de fortes tensions agitent les différents syndicats, en guerre ouverte pour obtenir les présidences de ces instances hautement stratégiques.
Alors que les électeurs du collège des exploitants agricoles avaient porté vainqueurs les candidats de la Coordination rurale (CR), syndicat classé à droite, à la tête de 14 départements contre trois lors de la dernière mandature, l’organisation n’en contrôlera finalement pas autant.
En Gironde, Lozère, Charente-Maritime ou encore en Loir-et-Cher, c’est finalement la FNSEA qui conserve la présidence. Une « trahison », un « véritable scandale » et un « vote bafoué », dénonce dans un communiqué la section du Lot-et-Garonne de la CR, bastion historique du syndicat aux bonnets jaunes.
« Nous allons gagner avec nos fourches »
Les tractations menées dans l’ombre par la FNSEA pour recouvrer son hégémonie (le syndicat contrôlait 97 chambres en 2018) attisent des recours devant les tribunaux administratifs mais aussi des menaces verbales, comme dans le Loir-et-Cher. Alors que les agriculteurs du département avaient placé la CR en tête 17 voix devant la FNSEA, c’est le président sortant, Arnaud Bessé, qui a été réélu.
Un affront pour Serge Bousquet-Cassagne, président CR de la chambre du Lot-et-Garonne, qui s’est fendu d’une vidéo virulente pour dénoncer l’élection et proposer son coup de main à ses collègues du Loir-et-Cher. « Puisque démocratiquement vous n’avez pas pu gagner, nous allons gagner avec nos fourches », enjoint-il, filmé devant son tracteur. « Il est clair que nous devons empêcher toute cession de chambre dans le Loir-et-Cher, par la force et la conviction », assure l’agriculteur, connu pour ses méthodes menaçantes contre, notamment, les élus écologistes.
Aucun détournement des règles
Dans les faits, si l’issue de l’élection surprend la Coordination rurale, elle ne démontre aucun détournement des règles de la part de la FNSEA. La présidence d’une chambre d’agriculture est en effet octroyée après un vote des 33 membres du bureau. Sur ceux-ci, 18 sont réservés à des agriculteurs, les autres étant notamment réservés à des représentants de coopératives, de banques ou à des salariés agricoles. Sur les 18 sièges dévolus aux exploitants, la moitié revient d’office à la liste arrivée en tête, mais les autres sont répartis à la proportionnelle. Un syndicat parvenu en tête parmi les électeurs agriculteurs peut ainsi ne pas être majoritaire au niveau du bureau.
Ces tensions ravivent toutefois les fortes critiques sur le fonctionnement du scrutin, jugé par de nombreuses organisations syndicales trop favorable à la FNSEA, notamment du fait de la prime majoritaire octroyée au gagnant. « Ce mode de scrutin avantage la FNSEA, qui a plus de moyens et donc de capacité de conviction. C’est assez antidémocratique. Ce que nous voulons, c’est un vrai scrutin proportionnel comme il existe pour le collège des salariés », réagissait Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, à l’ouverture des élections.
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