La députée LFI, réélue en juillet dernier, explique comment elle se “prépare à l’hypothèse” de sa candidature aux municipales en 2026. Entre critiques de la majorité actuelle et priorités à venir, elle fait le point.
L’annonce de votre candidature aux municipales a surpris jusque dans votre camp : pourquoi ce timing ?
Les groupes d’action de LFI discutent en ce moment de la feuille d’orientation de notre organisation politique en vue de l’assemblée représentative le 14 décembre. Elle dresse le bilan de l’année marqué par la fin de règne de la Macronie et donne les perspectives pour les mois à venir. Il y a les hypothétiques présidentielles anticipées, législatives anticipées et celles qui auront lieu pour sûr à voir les municipales et les sénatoriales en 2026. Notre stratégie est en cours d’amendement. À l’occasion d’un déjeuner avec la presse, j’ai évoqué l’hypothèse de ma candidature. Les députés, à travers leur implantation locale, seront des points d’appui pour le développement de notre mouvement partout en France.
Alenka Doulain, militante insoumise, croise le fer avec la majorité municipale depuis 2020, n’est-elle pas une candidate légitime ?
Notre stratégie en 2020 était de soutenir des listes citoyennes. En 2026, elle est de mener des listes dans le plus grand nombre de villes possibles. Alenka Doulain a été partenaire de LFI dans plusieurs campagnes, elle pourrait l’être à nouveau. Nos listes seront ouvertes à des figures extérieures pour faire le lien avec des luttes locales comme le tracé du Contournement ouest de Montpellier qui est un projet anti-écologique injuste. Notre liste sera le reflet des batailles locales.
Mener la bataille pour les municipales tout en siégeant à l’Assemblée nationale, c’est compatible ?
Il y aura un lien direct entre l’ambiance politique délétère au niveau national et la façon dont vont se dérouler les municipales. Auront-elles lieu après une présidentielle ou des législatives anticipées ou après les deux ? À LFI, comme avec le NFP, nous voulons rompre avec ce vieux monde néolibéral qui a mené au désastre néo libéral et aux coups de force antidémocratiques.
Michaël Delafosse a soutenu le NFP. Pourquoi cette union contre un ennemi commun, à savoir le RN, ne peut pas se décliner au local ?
Il est clair que la bataille contre l’extrême-droite est incontournable. Mais la campagne du NFP avait aussi un programme avec des mesures issues de L’avenir en commun qui a porté Jean-Luc Mélenchon à 22 % à la présidentielle. C’est un programme de rupture. Je pourrai prendre plein d’exemples comme le moratoire des grands projets routiers. On voit bien que Michaël Delafosse n’a jamais envisagé de porter le programme du NFP. C’était une étape pour faire élire son ancienne adjointe. C’est de la politique politicienne comme nous ne voulons plus en faire.
Votre suppléant M. Revol est un membre actif de la majorité métropolitaine en charge de l’eau, l’assainissement et les déchets. Présenter un candidat contre Delafosse ne vous paraît pas contradictoire ?
Il n’y a pas de contradiction. Cela souligne l’absurdité de l’échelle de la Métropole qui conduit à des politiques déconnectées du quotidien des habitants. On ne les considère pas à travers leur déplacement domicile-travail mais à travers leur appartenance à un territoire délimité arbitrairement. Je félicite le bilan de René Revol sur la régie publique de l’eau. La question des déchets est une crise dans la majorité de Delafosse mais elle ne doit pas être traitée que localement. Il doit réclamer des moyens et une logique à l’échelle nationale. Le maire n’est pas un gestionnaire de l’autorité. Michaël Delafosse a toujours été hostile à LFI mais il est bien content que René Revol lui apporte des solutions. Mais il n’y a pas d’aval de LFI pour les rochers anti-SDF, le COM ou le Lien.
Le journal L’Opinion vous accuse d’instrumentaliser les quartiers et de prendre Michaël Delafosse pour cible en le faisant passer pour un islamophobe, que répondez-vous ?
C’est un cas d’école d’une rhétorique qui d’habitude appartient à l’extrême-droite. La boucle WhatsApp d’habitants d’un quartier populaire mise en cause n’est pas une boucle de LFI. J’ai répondu à une sollicitation. Si des habitants se sentent blessés par des prises de parole de Michaël Delafosse, il faut les entendre. La critique en démocratie est saine. À la rentrée 2023, le gouvernement a lancé une polémique sur le port de l’abaya dans les écoles. Je suis estomaquée que Michaël Delafosse soutienne que l’abaya est le problème majeur à l’école. C’est le manque de moyens et les classes surchargées. Au lieu de faire du liant, ces propos clivent les gens.
Vos priorités si vous êtes élue ?
La désignation des têtes de listes se fera en mars. Parmi nos marqueurs programmatiques, la commune doit redevenir l’échelon vital de la démocratie un lieu de revendication pour la paix. Il y a aussi le moratoire de la ZFE tant qu’il n’y a pas d’alternatives suffisantes en transports en commun.
Pour ou contre la gratuité des transports ?
Nous voulons viser des gratuités localement qui s’accompagnent de planification en amont. À Montpellier, il y a une baisse de fréquence des trams et des bus. On paye les conséquences de ce manque d’anticipation.