Au Pays du long nuage blanc, il n’y a pas que les rugbymen All Blacks ni leurs homologues féminines, les Black Ferns. La Nouvelle-Zélande compte une autre ambassadrice de choix, qui a écrit l’histoire à la fois du paralympisme et de l’olympisme. Neroli Fairhall est la première athlète à avoir non seulement obtenu la médaille d’or au tir à l’arc aux jeux Paralympiques de 1976, mais aussi participé huit ans plus tard aux Jeux de Los Angeles.
Pour comprendre ce parcours extraordinaire, il faut remonter aux années d’après guerre. Née à Christchurch, Neroli Fairhall est une toute jeune passionnée d’équitation. L’écolière de Rangi Ruru, l’école privée très sélecte pour filles de la capitale de l’île du Sud, excelle dans ce domaine au point de représenter sa région, Canterbury, aux championnats nationaux des poney-clubs. Un avenir prometteur.
À moins de 25 ans, elle croit devoir dire adieu à toute carrière sportive
Mais son destin se trouve chamboulé en 1969 en raison d’un accident de la route : Neroli Fairhall finit paralysée de la taille aux pieds. À moins de 25 ans et désormais paraplégique, elle croit devoir dire adieu à toute carrière sportive.
La téméraire relève la tête. Sa rencontre avec Eve Rimmer y est pour beaucoup. Considérée à l’époque comme l’une des athlètes handicapées les plus connues de Nouvelle-Zélande, l’icône Kiwi (surnom donné aux Néo-Zélandais) l’incite à se plonger dans l’athlétisme. Un conseil suivi avec panache. Ainsi, en 1972, Neroli Fairhall participe aux jeux Paralympiques de Heidelberg (Allemagne) dans les épreuves de slalom, sprint de 60 mètres, lancer de poids et de disque.
Mais ce qui la passionne vraiment, c’est le tir à l’arc. La jeune Kiwi blonde s’y essaie et se montre adroite. En 1976, elle participe à son premier championnat national et obtient la troisième place. Les compétitions s’enchaînent. Ses bons résultats la conduisent à obtenir une place pour les jeux Olympiques de 1980, à Moscou.
Un exploit pour une athlète paraplégique. Mais la tireuse n’y participera pas. Son pays fait partie de ceux qui boycottent les Jeux pour protester contre l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques.
Qu’importe, malgré la déception, l’opiniâtre remporte, cette année-là, son premier championnat national et sa première médaille d’or aux jeux Paralympiques à Arnhem (Pays-Bas). Elle est ensuite de nouveau appelée dans l’équipe néo-zélandaise pour les Jeux du Commonwealth de Brisbane, en 1982, où s’affrontent les meilleurs athlètes de chaque État membre.
C’est l’unique fois que le tir à l’arc est inclus dans cette compétition. Neroli Fairhall est la première athlète handicapée à y accéder. À Brisbane (Australie), la Kiwi participe à une épreuve organisée sur quatre jours, où les archers doivent réussir des séries de tirs à différentes distances (70, 60, 50 et 30 mètres) de leurs cibles.
La médaille d’or à Brisbane
Le premier jour, Neroli Fairhall, sur son fauteuil roulant, lutte contre le vent, et finit à la 12e place. Acharnée, elle parvient le lendemain à refaire son retard pour atteindre la quatrième place, puis le duo de tête au moment d’entamer le dernier jour de la compétition. Une étape charnière.
Cette fois, le tournoi s’est réduit à une confrontation entre les deux finalistes : celle qui est originaire de la deuxième plus grande ville d’Australie et Janet Yates, une adolescente d’Irlande du Nord annoncée grande favorite.
C’est elle qui démarre le mieux la journée en menant aux points. Mais, au fil des séries de tirs, Janet Yates accumule les imprécisions, au contraire de Neroli Fairhall. La fin est insoutenable, au point de nécessiter vingt minutes de délibération auprès des juges pour compter les points des deux adversaires du jour.
La Néo-Zélandaise est finalement annoncée vainqueur et remporte la médaille d’or. Le public éclate de joie. La Kiwi a troqué la casquette d’outsider handicapée pour celle de championne. Mais la performance de la paraplégique n’impressionne pas tout le monde.
Après l’événement, en conférence de presse, un journaliste lui demande si elle n’a pas été avantagée, compte tenu de sa position assise dans son fauteuil roulant. « Je ne sais pas. Je n’ai jamais tiré debout », décoche-t-elle avec finesse.
Deux ans plus tard, Neroli Fairhall connaît la consécration en devenant la première athlète paraplégique à participer aux jeux Olympiques de Los Angeles en 1984. La femme à la chevelure blonde s’affiche tout sourires aux côtés des sportives de sa délégation lors de la cérémonie d’ouverture. Sa victoire est là, sa 35e place au tir à l’arc n’est qu’anecdotique.
Décédée le 11 juin 2006, à 61 ans, la championne néo-zélandaise intègre le panthéon du paralympisme à titre posthume le 9 septembre 2016. Ce jour-là, la présidente du comité para-archerie de la Fédération internationale du tir à l’arc lui rend un vibrant hommage : « Neroli est un nom familier reconnu en Nouvelle-Zélande. Ses performances ont établi les bases pour le nombre toujours grandissant des paralympiens et para-athlètes de talent en Nouvelle-Zélande aujourd’hui. »
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