En 2023, le cap du million de foyers confrontés à des coupures ou à des limitations de courant en raison d’impayés a été dépassé. Une situation désolante que le nouveau mode de calcul des tarifs d’électricité prévu pour 2026, et fondé uniquement sur l’évolution des prix du marché, risque d’aggraver.
Bien au contraire, la nouvelle réglementation, introduite par le gouvernement dans le projet de loi de finances pour 2025 et destinée à remplacer le système actuel, est longuement dénoncée par l’UFC-Que choisir, mardi 25 février. Dans une nouvelle étude de 13 pages, l’association explique l’impact « catastrophique » de cette législation.
D’autant que cette refonte tarifaire aurait été « négociée en catimini entre le gouvernement et EDF », dénoncent les rédacteurs du rapport. Selon eux, elle entraînera mécaniquement « une hausse massive des tarifs de l’électricité, au détriment des consommateurs ».
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : si la réforme s’appliquait dès cette année, la facture augmenterait de 19 %. Ce qui représente « jusqu’à 250 euros supplémentaires par an pour un foyer moyen ». « Et ce surcoût serait encore bien plus élevé pour ceux chauffés à l’électricité et vivant dans des passoires thermiques », déplore l’UFC-Que choisir.
« Faire payer aux Français l’électricité au prix fort »
En d’autres termes : ce mécanisme va conduire à « faire payer aux Français leur électricité au prix fort », déplore l’association de défense des consommateurs. Pour parvenir à ce constat, l’UFC-Que choisir s’appuie sur l’exemple d’un ménage au tarif réglementé consommant 6 000 kWh d’électricité par an. La facture annuelle aurait ainsi été 17 % supérieure à celle basée sur les prix aujourd’hui effectivement pratiqués, ce qui représente un surcoût de 233 euros.
L’association déplore aussi qu’en dépit de l’engagement du gouvernement de redistribuer aux ménages une partie des profits d’EDF, celle-ci « sera très limitée ». « Seule une petite fraction de la consommation des ménages sera concernée, et la taxation des bénéfices d’EDF restera insuffisante pour compenser la flambée des prix », estime-t-elle.
La revendication d’un service public de l’électricité
À rebours de cette réglementation injuste, des solutions concrètes sont brandies par l’UFC-Que choisir. À titre d’exemple, l’association demande la création d’un « service public de l’électricité » garantissant aux personnes « un prix reflétant les coûts réels du nucléaire et de l’hydroélectricité, et non dicté par les fluctuations des marchés ».
La création « dans les plus brefs délais » d’une commission, où seraient représentées « toutes les parties prenantes », dont les associations de consommateurs, est également revendiquée. Celle-ci serait chargée de proposer une refonte complète de la régulation du marché de l’électricité.
Sans surprise, Bercy a rejeté les conclusions de l’étude en estimant que « le calcul ainsi réalisé est biaisé ». Le ministère de l’Économie et des Finances pointe du doigt la méthodologie employée et déplore que le rapport en question propose un calcul associant des données actuelles à un mécanisme qui n’entrera en vigueur qu’en 2026, « sans tenir compte d’autres paramètres ». Mais, de son côté, l’association tance : « L’État protège EDF, pas les consommateurs. »
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