La lutte contre le narcotrafic est de gauche, et ses représentants entendent bien le faire savoir. Une délégation de dirigeants et élus locaux du PCF a été reçue, lundi 20 janvier, par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, afin de faire entendre son point de vue, quand bien même le gouvernement ne le partage pas forcément.
« Nous souhaitions partager notre diagnostic au sujet de l’insécurité, dont sont avant tout victimes les familles populaires, mais aussi nos propositions en la matière, avance Robin Salecroix, responsable sécurité et tranquillité publique du PCF. Nous sommes engagés dans une approche globale contre les narcotrafics et de l’insécurité, qui mêle les enjeux de prévention, de lutte contre la récidive, et de combat contre le haut du spectre des trafiquants. »
Le PCF demande le recrutement de 60 000 policiers
« Nous ne parviendrons pas à résoudre la question sans que les ambitions soient corrélées aux moyens », insiste également Robin Salecroix, par ailleurs vice-président de Nantes métropole, qui dénonce « les mauvais coups contre les fonctionnaires » qui s’accumulent à l’occasion du débat budgétaire.
À la place, le PCF demande le recrutement de 60 000 policiers. Ses élus locaux ont rappelé que « ce n’est pas aux polices municipales de lutter contre le trafic d’armes et les narcotrafics, et que pour cela nous avions besoin de l’engagement de l’État », rapporte Robin Salecroix.
Les communistes ont aussi rappelé la nécessité d’un volet de santé publique et de prévention avec une action en direction des jeunes. L’élu nantais réclame de plus des « moyens dédiés pour l’accompagnement personnalisé dans les prisons, afin d’éviter la récidive ».
Cette philosophie, entre répression du crime organisé et prévention vis-à-vis des consommateurs, est partagée à gauche. Tous réclament un renforcement du maillage territorial des forces de sécurité, la réinstauration d’une police de proximité, le renforcement des moyens d’enquête plutôt que la poursuite d’une politique qui ne cherche que les coups de communication.
« La société a un intérêt à une baisse de la consommation de cannabis »
« Un sujet tabou est celui de la lutte contre la corruption. Sans elle, il n’est pas possible de faire entrer autant de drogue ou de blanchir autant d’argent », estime le député insoumis Antoine Léaument. Il faut un « volet social pour les victimes du narcotrafic, pour permettre à certaines personnes de changer de domicile », défend Guy Benarroche, sénateur écologiste.
La question des moyens de la justice agite évidemment les responsables de gauche. L’instauration d’un parquet national antistupéfiants est généralement approuvée. Mais les responsables du NFP déplorent un manque de fonds pour les juridictions interrégionales de lutte contre la criminalité organisée.
Sur le volet prévention, Antoine Léaument mesure que « le cannabis est présenté comme une drogue peu ou pas dangereuse. Mais sa consommation avant 25 ans présente un danger pour la santé mentale. La société a intérêt à une baisse de la consommation de cannabis ». Guy Benarroche souhaite donc une « politique de prévention sur les conséquences de l’usage de stupéfiants, mais aussi auprès des personnes susceptibles d’être engagées dans le trafic ».
Le débat de la légalisation
Pour le Nouveau Front populaire, les politiques uniquement répressives sont un échec : « 10,5 % de la population adulte consomme du cannabis, déplore le député socialiste Roger Vicot. Il faut donc faire de la prévention comme on le fait pour l’alcool. »
Un débat existe toutefois à gauche sur la légalisation des drogues. La FI y est favorable pour le cannabis pour des raisons de santé publique. « Il est possible d’avoir un suivi d’un bout à l’autre de la chaîne. Il est possible de le produire localement, d’organiser sa consommation et sa vente », défend Antoine Léaument, pour qui cela peut faire sortir une partie de la consommation du marché noir.
Guy Benarroche considère qu’une légalisation permettrait de « désorganiser un temps le trafic et de diminuer les ressources des trafiquants. Ils seront obligés de licencier. Et cela permettra de mener de vraies campagnes d’information et de prévention, qui ne sont pas faites aujourd’hui car ces produits sont illégaux ».
« Nous sommes face à deux impasses. Il n’y a ni prohibition magique, ni légalisation magique. Dans les pays qui ont appliqué cette dernière, il persiste un marché noir. Et la baisse de consommation reste à démontrer », constate Robin Salecroix, qui craint des phénomènes de report des groupes de la criminalité organisée vers d’autres activités délictueuses.
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