« C’est un grand soulagement pour nous et un pas dans notre combat en mémoire de Jimmy ! » lancent, émus, Valérie et Frédéric Wasson, après plus de quatre années d’une lutte sans relâche contre la société Urbaine de Travaux jugée, ce lundi 23 septembre, définitivement responsable de la mort de leur fils Jérémy.
Alors en première année à l’École spéciale des travaux publics du bâtiment et de l’industrie (ESTP), le jeune homme avait 21 ans lorsqu’il a entamé, vierge de toute expérience professionnelle, un stage d’observation qui devait durer un peu moins de deux mois dans l’entreprise, marraine de sa promotion.
Mais, dès son quatrième jour, l’étudiant est envoyé seul sur le toit du chantier du centre de commande de la SNCF, dans le cadre du projet Éole à Pantin (Seine-Saint-Denis), d’où il a fait une chute de plus de 5 mètres, en passant à travers une trémie de désenfumage.
Un long et douloureux bras de fer pour la famille Wasson
Urbaine de Travaux, représentée par son président Julien Haas, avait été condamnée en première instance à payer une amende de 240 000 euros, tandis que la conductrice de travaux avait, elle, écopé de 10 000 euros d’amende et de deux ans d’emprisonnement avec sursis, le 9 mars 2022.
Toutes deux pour homicide involontaire par la violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence dans le cadre du travail, l’emploi de travailleur temporaire sans organisation et la dispense d’une information et d’une formation pratiques et appropriées en matière de santé et de sécurité, et pour finir, l’emploi de travailleur sur un chantier de bâtiment et de travaux publics sans mesure de protection contre les chutes de personnes.
Cette décision a donc été partiellement confirmée par la cour d’appel de Paris, la peine de la conductrice de travaux ayant été abaissée à quatorze mois. Ce jugement permet aux proches de Jérémy Wasson de prendre une respiration après un douloureux bras de fer de plus de quatre années et avant de poursuivre la procédure au civil.
Une condamnation inhabituellement lourde
L’avocate de la famille, maître Juliette Pappo, se réjouit d‘« une sanction, pour une fois, particulièrement lourde », au vu d’un système français où les entreprises, non contraintes et bien souvent peu ou non sanctionnées, ont carte blanche pour continuer à appliquer, à l’abri des regards, des méthodes ayant pourtant coûté la vie à de nombreux travailleurs.
En effet, l’histoire de Jérémy est loin d’être isolée. Hors agriculteurs, indépendants et fonctionnaires, l’assurance-maladie dénombrait, en 2022, 738 décès professionnels, contre 530 en 2017.
La société, propriété du groupe Fayat, est par ailleurs sommée de publier cette décision dans les pages de l’édition nationale du Parisien et du Moniteur, hebdomadaire de référence dans la construction. De quoi – très ponctuellement – entacher la réputation de l’entreprise dont le site assure que « la sécurité et la santé de ses salariés » sont des axes fondamentaux de sa stratégie, tout en accueillant encore aujourd’hui une soixantaine de stagiaires par an, dont certains en provenance de l’ESTP.
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