De nouveaux proches endeuillés, suite à un mort après un « refus d’obtempérer ». Le parquet de Toulouse ouvre une information judiciaire, pour déterminer les circonstances dans lesquelles Maïky Loerch est mort, selon un communiqué, publié mardi 30 juillet.
L’homme de 28 ans a été tué par un gendarme d’une balle dans la tête, jeudi 25 juillet au soir au niveau de la zone commerciale de Fenouillet (banlieue nord de Toulouse). La victime, membre de la communauté des gens du voyage, est décédé des suites de ses blessures à l’hôpital de Purpan de Toulouse.
Sa compagne et son bébé âgé de près de cinq mois étaient présents dans le véhicule, selon l’avocate de la famille Jessica Guy. S’ils sont sains et saufs, les séquelles psychologiques sont énormes, a-t-elle précisé à l’Humanité.
Maïky Loerch aurait été mortellement blessé alors qu’il tentait de fuir un contrôle routier, a indiqué à l’AFP le procureur de Toulouse Samuel Vuelta-Simon. L’autopsie réalisée dans l’après-midi a « confirmé le décès dû à un tir unique », selon un communiqué du procureur de la République de Toulouse.
Le lendemain du drame, une soixantaine de personnes s’est rassemblée devant l’hôpital, réclamant qu’on leur rende le corps de « Maïky ». Les obsèques ont eu lieu, ce lundi 29 juillet, après que les avocats ont obtenu l’autorisation que le frère de la victime sorte de prison pour s’y rendre.
Deux gendarmes ont tiré
Le procureur de la République de Toulouse a précisé le déroulé des faits : les gendarmes auraient arrêté le véhicule car celui-ci serait « impliqué dans une tentative de vol avec violences commises le matin même » a déclaré Samuel Vuelta-Simon.
Gênée par le véhicule des militaires, la voiture aurait franchi un terre-plein central, détruisant du mobilier urbain, et aurait manqué de toucher l’un des gendarmes dans sa manœuvre, a déclaré le parquet. Puis, le conducteur aurait fait « une nouvelle embardée à vive allure en direction d’un autre gendarme qui ouvrait le feu », imité dans la foulée par un de ses collègues.
« C’est injuste, il (le gendarme, NDLR) a tiré sans raison, on veut que justice soit faite », indiquait Daniel Liév, un proche de la victime à l’AFP. « Maïky, c’était un gros bébé, un gros nounours, il adorait les enfants », expliquait-il. Pour Frédéric Liévy, président de l’association Reconnaissance des locataires gens du voyage (RLGDV), basée près de Toulouse, « on ne peut pas mourir pour un refus d’obtempérer».
La désignation d’un juge d’instruction
Pour éclaircir les circonstances du drame, l’information judiciaire est ouverte pour trois motifs : « refus d’obtempérer aggravé », « violences volontaires avec arme sur personnes dépositaires de l’autorité publique » et « violences volontaires avec arme par dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner », a précisé le procureur de la République de Toulouse, Samuel Vuelta Simon.
De ce fait, les trois enquêtes déjà lancées après les faits pour chacun des motifs visés, et confiées à trois sections différentes de la gendarmerie, sont concentrées sous l’autorité d’un juge d’instruction. Celui-ci est désigné ce mercredi 31 juillet.
Avant l’ouverture de l’information judiciaire par le parquet, la famille de Maïky Loerch avait décidé de saisir un juge d’instruction en portant plainte et se constituant partie civile, lundi 29 juillet, a annoncé à l‘Humanité, l’une des avocates de la famille Jessica Guy. Les avocats de la famille, maîtres Éric Mouton et Jessica Guy, se sont insurgés de l’absence d’une enquête contradictoire. « On n’a pas compris pourquoi le procureur n’a pas saisi un juge d’instruction » a regretté Jessica Guy à l’Humanité.
En effet, avant la désignation d’un juge d’instruction est donc une information judiciaire, seule l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), était chargée d’enquêter. Cela avait scuscité de vives critiques du côté de la famille du défunt et de ses conseils.
En effet, l’institution avait été appelée à être réformée par l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, il y a moins d’un an. L’organe européen avait recommandé, en visant également l’Inspection générale de la police (IGPN), d’« améliorer la perception de leur indépendance et de leur impartialité ».
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
Vous connaissez d’autres médias qui font ça ? Soutenez-nous !Je veux en savoir plus.