Ce jeudi 25 juillet avait lieu à l’hôtel de ville la signature de la Déclaration de Montpellier, qui sera présentée à l’Organisation des Nations unies (ONU), en septembre 2024. Point final du premier Sommet des jeunes sur la paix et un avenir durable, qui s’est déroulé cette semaine, elle a été rédigée par 120 jeunes venus du monde entier. Elle comprend une liste de propositions visant à inclure la jeunesse dans les décisions intergouvernementales.
Vêtus de t-shirts à l’effigie de l’ONU, les jeunes ont chaleureusement applaudi les deux signataires de la Déclaration de Montpellier, Michaël Delafosse, le Maire de Montpellier et Andrise Bass, fondatrice de l’Institut de recherche en politiques publiques et en diplomatie (IPPDR), une ONG américaine.
Après plusieurs jours de discussions, de tables rondes et de débats, les 120 participants ont accompli leur mission avec brio : ils ont amendé l’historique résolution 2 250 de l’ONU, promulguée en 2015 et qui se concentrait sur le rôle des jeunes dans la mise en œuvre de la paix dans le monde. Ils ont dégagé 7 propositions concrètes, qui seront présentées lors du Sommet pour le futur de l’ONU en septembre, à New York.
Des problématiques complexes
Pour ces jeunes originaires de 41 pays, cet événement a été l’occasion de “mettre en lumière les problématiques” inhérentes à leurs territoires, comme l’explique Citlalli Belen Lozano, qui a voyagé depuis le Mexique avec son amie Gretel Cotero.
Elles sont venues avec un message fort : “défendre les droits de l’enfant”, pour la première et “présenter le fléau des disparitions humaines”, pour la seconde. Gretel, qui étudie les relations internationales à l’université de Guadalajara, explique : “Rien que dans l’état de Jalisco, d’où nous sommes originaires, 16 personnes disparaissent tous les jours”.
Quant à Uliana Morosko, elle témoigne de la violence du conflit en Ukraine, où les civils ne sont pas les victimes des trafiquants, mais des soldats russes. Arrivée en France “bien avant la guerre”, elle est à l’origine du Comité de coordination d’aide à l’Ukraine, qui “fait le lien avec la France pour accueillir les réfugiés et porter leur voix”. Invitée par la ville, Uliana a souhaité alerter sur la situation “très grave” que vit son pays : “La Russie ne reconnaît aucune des réglementations internationales qui encadrent les guerres. Les soldats tirent même sur les ambulances”.
Malgré son attachement à la France, Uliana ne veut pas “perdre le lien” avec son pays d’origine, où est née sa fille. Même chose pour Citlalli : “Si je reviens ici, ce sera d’abord pour visibiliser les problématiques autour des enfants mexicains”.
“Un premier pas prometteur”
Pour Citlalli, la Déclaration de Montpellier nouvellement signée est “un premier pas prometteur” vers une inclusion des avis des jeunes dans les relations internationales. Tout en confirmant d’un hochement de tête, son amie Gretel se dit reconnaissante “que les problématiques des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes soient mises en lumière”. Le sourire aux lèvres, elle se réjouit également du nombre de femmes présentes à l’événement, “dans un milieu encore trop masculin”.
Les deux étudiantes auraient tout de même souhaité avoir davantage de temps pour “aborder d’autres problématiques”. Islam Deguenou, journaliste montpelliérain originaire du Togo, est plus critique. Tout en soulignant l’importance d’un tel événement, le jeune homme de 27 ans aurait souhaité “plus de fermeté” dans les engagements. Il reconnaît également l’impact limité des résolutions de l’ONU : “les états sont souverains, on ne peut pas les forcer”.
Une ville cosmopolite
Les jeunes, qui ont chaleureusement applaudi Michaël Delafosse et la docteure Andrise Bass, initiatrice de l’événement, sont unanimes : Montpellier sait recevoir. Les deux Mexicaines ont été séduites par “l’ambiance cosmopolite” de la ville. Uliana, qui les rejoint sur ce point, se réjouit de la politique migratoire de la ville : elle s’est montrée “très accueillante” pour les Ukrainiens. Par le biais de l’association SOS Montpellier Ukraine, “des gens ont bougé d’Île-de-France pour venir jusqu’ici”.
Islam, “Montpelliérain depuis bientôt trois ans”, confirme les dires de sa collègue : “Il n’y a pas meilleure ville pour accueillir un tel événement”. Et pour cause : Montpellier a été élue par le site l’Étudiant comme meilleure ville étudiante de France cette année. “Et en 2023 aussi !” se réjouit le Togolais.
Que contient la Déclaration de Montpellier, qui sera présentée à l’ONU en septembre ?
Les 120 jeunes participants, qui s’adressent à l’ONU, demandent à ce que la jeunesse obtienne une place plus importante dans les décisions et dans les mécanismes de prévention et de résolution de conflits à l’international. Leurs amendements à la résolution 2 250 de l’ONU, promulguée en 2015, se découpent en 7 points :
– La représentation active et participation des jeunes marginalisés aux processus de paix, notamment les autochtones déplacés, les migrants, les réfugiés et les LGBTQIA + ;
– La mise en œuvre d’une stratégie de paix dirigée par les jeunes ;
– L’appel des Etats membres à fournir une aide financière aux jeunes œuvrant pour la paix ;
– Le soutien aux mécanismes qui promeuvent une culture de paix, de tolérance et de dialogue ;
– Le soutien des initiatives de collaboration parmi les jeunes ;
– La réintégration des jeunes dans la société en soutenant les structures et les institutions, tels que les centres de formation professionnelle.