Même si, avec 88,2 milliards d’euros de production animale et végétale – soit 18 % de la production de l’Union européenne –, la France reste le premier producteur agricole européen (et le deuxième pour la pêche maritime), l’emploi agricole continue invariablement de diminuer pour atteindre 2,7 % de l’emploi total en 2022.
Les exploitations, quant à elles, sont de moins en moins nombreuses (- 2,3 % par an entre 2010 et 2020), mais deviennent de plus en plus grandes et spécialisées. Tels sont les premiers enseignements tirés d’une étude de l’Insee menée avec le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, dévoilée mardi 27 février.
Côté revenus des exploitants, l’Insee observe que 16 % des personnes résidant dans un ménage d’agriculteurs sont en situation de pauvreté monétaire. Seul un tiers du revenu des exploitants et de leur famille provient de l’exploitation agricole, 45 % étant issus d’autres activités professionnelles.
La filière bio a progressé, mais pas encore assez
Bonne nouvelle dans ce tableau plutôt noir : « Les agriculteurs s’engagent davantage vers des pratiques agricoles plus soucieuses de l’environnement », assure l’Insee. À titre d’exemple, plus de 60 000 exploitations (soit 14 % du total) sont engagées en agriculture biologique, 2,5 fois plus qu’il y a dix ans, et 36 000 exploitations sont certifiées « à haute valeur environnementale ».
En 2022, la part de la surface agricole bio représentait 10,7 % de la surface agricole utilisée. En dépit d’un endettement plus élevé (les dirigeants sont en général plus jeunes), les exploitations bio affichent un niveau de rentabilité économique équivalent aux structures en mode conventionné.
Des résultats encore bien insuffisants, certes, mais encourageants, tant les activités agricoles conventionnelles fragilisent les écosystèmes. « L’agriculture est le premier émetteur d’ammoniac dans l’air et les intrants agricoles polluent les eaux et les sols », rappelle l’étude. Entre 2000 et 2020, on a ainsi enregistré + 6 % de nitrate dans les cours d’eau de métropole. La population des « auxiliaires de culture », comme les pollinisateurs, se réduit.
Et la mécanisation a supprimé 70 % du linéaire des haies bocagères depuis 1950, ce qui, on le sait, porte préjudice à la biodiversité. Depuis 1990, la surface des prairies a diminué de 11 %, et 36 % de la population d’oiseaux des milieux agricoles a disparu. Pollutions, restrictions d’eau et risques climatiques causent à leur tour des pertes de rendement.
La viande représente encore 1/5e des dépenses alimentaires des Français
Côté consommation, l‘étude dévoile que les ménages consacrent en moyenne un peu plus de 21 % de leurs dépenses à l’achat de produits alimentaires. La viande – y compris les plats préparés – représente toujours le principal poste de dépenses, pesant pour 19 % du budget alimentaire en 2022.
Cette même année, le poulet a dépassé la consommation de viande bovine, le porc restant la viande la plus consommée. « Dans un contexte de forte inflation, les ménages ont privilégié des viandes moins onéreuses », note l’Insee. De manière générale, mi-2023, la moitié des ménages déclaraient avoir modifié leurs habitudes alimentaires du fait de la hausse des prix. Ils ont changé de gamme de produits (17 %), ont consommé moins (14 %) ou ont diversifié leurs lieux d’achat (12 %).