De la stratégie de dédiabolisation à sa banalisation, puis sa normalisation, l’extrême droite a patiemment tissé sa toile, bien aidée par une partie des forces du capital qui voit en elle une garantie de poursuivre leur œuvre destructrice : épuiser le vivant et la nature pour suraccumuler les profits à leur avantage exclusif.
Du rôle d’influenceurs sur les réseaux sociaux à la prise de contrôle capitalistique de grands médias, en passant par la formation des futures élites et la création de fondations, musées et même d’un parc d’attractions, l’extrême droite a gangrené toute une partie de la société, façonnant peu à peu un nouveau récit national. De Bolloré à Stérin, dont nous avons révélé le projet Périclès, l’extrême droite avance aujourd’hui à visage découvert. Plus personne ne peut dire qu’il ne savait pas.
Leurs idées nauséabondes, racistes et xénophobes ont contaminé le débat médiatique désignant un bouc émissaire « idéal » à tous les maux de la société : l’étranger et surtout le musulman, qui représenteraient une menace existentielle et civilisationnelle pour la société française et européenne. En alimentant les peurs, les fantasmes et les préjugés, l’extrême droite n’hésite plus à instrumentaliser tous les faits divers, même les plus sordides ou meurtriers pour sa petite entreprise de haine.
Ce poison ne se limite pas aux chaînes de désinformation en continu où prennent place des spécialistes et des experts de la vérité alternative. Il atteint désormais les discours d’une grande partie de la droite dite républicaine. C’est dans ce contexte, que l’Arcom a décidé – non pas sous la pression « de l’extrême gauche » ou d’une quelconque théorie du complot – de retirer à C8, et son émission phare TPMP, mais aussi à la chaîne NRJ 12, leur fréquence TNT.
De France 4 à C8 en passant par D8, Cyril Hanouna est passé de gentil troubadour à bouffon des droites extrêmes. Insultes, propos et actes misogynes et homophobes, provocations multiples, son émission a été condamnée plus de 50 fois, sans aucun effet sur la ligne éditoriale. Pourtant, une fréquence d’État doit respecter la loi, remplir des obligations en matière de pluralisme des idées, de dignité humaine. Ce n’est donc pas la liberté d’expression qui est « assassinée », c’est bien le respect de nos lois qui est réaffirmé.
Cette machine infernale ne s’arrêtera pas et Hanouna rebondira. Si nous continuons à ne pas prendre au sérieux cette guerre idéologique, par naïveté ou passivité, nous le paierons tôt ou tard. Les grands défenseurs d’Hanouna ne désarment pas, préparant le coup d’après, en dressant des parallèles honteux entre cette décision de l’Arcom et la liberté de parution de Libération, de l’Humanité, attaquant même la Fête de l’Humanité. L’avertissement est donc clair : si l’extrême droite arrive au pouvoir, nos titres respectifs seront directement dans le viseur, non pas en nous censurant, mais en asséchant les aides publiques à la presse pour nous faire trébucher, voire tomber.
Il faut donc nous préparer à mener une offensive de la même ampleur. Il ne peut y avoir de démocratie pleine et entière sans presse libre et indépendante des puissances de l’argent qui garantit le pluralisme des idées. Les forces progressistes devraient porter l’exigence de mettre en œuvre une nouvelle loi anti-concentration des médias qui devrait interdire à une personne ou un groupe industriel de détenir plus de trois titres de presse différents. 90 % des titres de presse sont aux mains de 10 milliardaires. Rappelons que M. Bolloré détient toujours quatre fréquences. On est loin de la censure.
Autre idée, que nous proposons depuis deux ans, l’instauration d’une taxe, indolore pour les deniers publics, à hauteur d’1 % sur le chiffre d’affaires des recettes publicitaires du numérique, de la télévision, de la radio et de la presse papier, qui abonderait un fonds pour « l’indépendance et le pluralisme de la presse » dont pourraient bénéficier tous les titres qui répondent aux critères des médias à faibles ressources publicitaires.
Enfin nous proposons à tous les médias qui se sont rassemblés en juin dernier contre le risque d’une victoire du RN, de se réunir, se rencontrer et échanger pour tenir ensemble la première convention de la presse libre et indépendante, pour mener ensemble la bataille idéologique et médiatique dont notre pays a besoin pour résister à la contre-révolution réactionnaire mondiale et construire ensemble… Au travail !
Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !
C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. Et c’est ce que nous faisons chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons entendre une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.Je veux en savoir plus.