Emmanuel Macron a enfin pris la parole ce mardi soir, sur France 2. La question était de savoir s’il a entendu le message qui lui a été adressé aux européennes et aux législatives : une grande partie des Français désavouent sa politique. Pas vraiment. Il a écarté l’idée de nommer un premier ministre issu des rangs du Nouveau Front Populaire (NFP) qui dispose d’une majorité relative à l’Assemblée nationale. À 19 heures pourtant, la gauche a proposé le nom de Lucie Castets.
Le député communiste « André Chassaigne était un candidat estimable et expérimenté et il n’a pas été élu au Perchoir », la présidence de l’Assemblée nationale, a tranché Emmanuel Macron, précisant qu’il « est faux de dire que le NFP a gagné », la coalition de gauche étant « à cent voix de la majorité absolue ». « Ce président est décidément très dangereux. Enfermé dans sa bulle, coupée du peuple, il refuse de nommer la candidate au poste de Premier Ministre proposée par la coalition arrivée en tête des élections », a réagi Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.
Pas de gouvernement avant la mi-août
Maître des horloges, le chef de l’État a choisi de jouer la montre. Le gouvernement de Gabriel Attal, chargé de gérer les affaires courantes, devrait être maintenu pendant l’été. Emmanuel Macron s’obstine en défendant la proposition qu’il a faite, le 10 juillet dernier, dans une Lettre aux Français : que les partis politiques – sauf la France insoumise et le Rassemblement national – s’engagent dans « un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays ». Ce mardi soir, il a reformulé l’option qui est la sienne. « Ce que j’attends aujourd’hui des forces politiques, c’est qu’elles soient à la hauteur de ce qu’elles ont fait pendant l’entre-deux tours » avec le désistement républicain, a assené Emmanuel Macron, les invitant à s’entendre. Il souhaite que les groupes parlementaires se mettent d’accord sur des textes et un budget. Il a toutefois précisé qu’il nommerait un premier ministre après la mi-août, après les Jeux Olympiques, mais sans préciser quel serait son choix en cas d’échec de la grande coalition qu’il appelle de ses vœux.
Un président qui pense la question du chômage réglée
Si le téléspectateur de France 2 ou l’auditeur de Franceinfo attendaient une once d’autocritique après le fiasco pour la Macronie des élections européennes et législatives, il pouvait toujours attendre. L’idée de revenir sur la réforme des retraites est balayée, alors que les députés insoumis ont déposé ce mardi une proposition de loi pour l’abroger. Tout juste Emmanuel Macron a-t-il consenti que « la majorité sortante a perdu cette élection » pour mieux attaquer la gauche : « mais personne n’a gagné ». Pour le reste, pas d’acte de contrition. « Ces sept dernières années, on a fait beaucoup de choses », s’est-il vanté. « Je pensais très sincèrement qu’en réglant la question du chômage de masse, on réconcilierait la France avec elle-même », a-t-il dit, mettant à son actif que la pénurie d’emploi n’a pas été un thème des élections législatives. Il assume la dissolution, rappelant que le gouvernement de Gabriel Attal aurait été censuré à l’automne « en plein examen du budget ».
L’entretien aura été l’occasion de faire la promotion des Jeux Olympiques. L’interview s’est déroulée depuis l’esplanade du Trocadéro, devant la Seine où se déroulera la cérémonie d’ouverture. « Les JO, c’est une fois par siècle qu’on les accueille. Une cérémonie comme celle-ci, c’est une fois dans l’histoire des jeux », a clamé le président qui a usé de son temps pour parler de la cérémonie d’ouverture, de Céline Dion et de Marie-José Pérec, mais aussi du parcours de la flamme… Celle-ci ne suffira pas à redorer son blason.
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