François-Noël Buffet pourra se pavaner à Fort-de-France. À l’issue d’une semaine de tensions en Martinique, le ministre des Outre-mer avait déclaré avec légèreté qu’il « viendrait bien volontiers dès lors que les différents acteurs seront tous tombés d’accord ». C’est désormais en partie chose faite, après la signature d’un protocole de baisse des prix entre le préfet, la collectivité territoriale de Martinique (CTM) et les représentants du monde économique.
En réponse au mouvement d’ampleur contre la vie chère qui embrase la Martinique depuis le 1er septembre, les tarifs de 6 000 produits de l’alimentaire vont baisser progressivement, jusqu’à 20 %, à compter du 1er janvier 2025, grâce à un effort sur la fiscalité des produits importés.
L’octroi de mer, perçu par la CTM et les mairies de l’île, sera réduit à un taux nul sur une série de 54 familles de biens courants (pâtes, lait, beurre, haricots rouges, fromage…), ne rentrant pas en concurrence avec les productions locales (riz, eau…).
Le RPPRAC renvoie dos à dos l’imposition protectionniste et les marges des distributeurs
En contrepartie, l’État appliquera une TVA à zéro pour cent sur 69 familles de produits de grande consommation. Pas de quoi convaincre les représentants du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), qui ont quitté la table des négociations. « Nous n’avons pas obtenu des garanties sur le calendrier et sur les possibilités de sanctions. Par ailleurs, le RPPRAC réclame une baisse des tarifs sur l’ensemble des produits alimentaires ! » tance sa trésorière, Gwladys Roger. Une position partagée par Marine Le Pen. Le RPPRAC annonce poursuivre ses mobilisations.
« La suppression totale de l’octroi de mer n’est pas souhaitable. Nos produits issus de la pêche, de l’agriculture et de l’industrie ne doivent pas subir une concurrence déloyale de la Métropole. La Martinique ne doit pas devenir un simple territoire de consommation. Cet impôt est un outil de souveraineté politique, industriel et populaire de notre île », rétorque le député GDR Marcellin Nadeau, qui a validé un accord pour sortir de la crise, qu’il juge toutefois « insuffisant ».
Reste que, avec la posture populiste du RPPRAC, renvoyant dos à dos les marges abusives dégagées par les acteurs de la grande distribution et l’octroi de mer, ce sont bien in fine les finances des services publics de l’île qui devront supporter l’effort. D’ailleurs, Stéphane Hayot, du puissant groupe d’import-export Bernard Hayot, maintient la pression : « Si l’État est en rendez-vous, nous le serons aussi. »
Au titre de la continuité territoriale, l’accord comprend en effet la mise en place d’un mécanisme de compensation des frais d’approche, avec une prise en charge des frais de port par l’État. D’autre part, un fonds de compensation de 11 millions d’euros sera abondé par les professionnels des transports, de la distribution et l’État. « Nous serons vigilants sur l’application des engagements au Parlement, dans un contexte budgétaire tendu, prévient Marcellin Nadeau. Les citoyens ont pris conscience de la nécessité de changer de modèle économique. »
À ce propos, le député GDR déposera une loi « anti-trust » pour remettre en cause les positions monopolistes. En Martinique, les prix s’élaborent avec 14 intermédiaires (logistique, transports…) contre 3 dans l’Hexagone, provoquant des accumulations de marges. Et certains acteurs sont détenus par les mêmes groupes.
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