Rodrigue Petitot, figure du mouvement contre la vie cher en Martinique, sera fixé sur son sort. Poursuivi pour son irruption au domicile du préfet en novembre, le leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) fait face à de sévères réquisitions prononcées mercredi 22 janvier : « une peine qui ne sera pas inférieure à 30 mois d’emprisonnement, dont 15 maximum » avec sursis, assortie d’un sursis probatoire de deux ans et d’un maintien en détention, ont été demandés par la procureure Odile de Fritsch.
Elle a en outre demandé au tribunal la confiscation des biens saisis et que soit prononcé à l’encontre du surnommé le « R » une interdiction de s’approcher de la résidence préfectorale et d’entrer en contact avec les victimes qui se sont constituées parties civiles.
« On veut incarcérer le symbole de la vie chère »
Rodrigue Petitot, qui comparaissait détenu mercredi pour « menaces et actes d’intimidation », s’était introduit, le 11 novembre dernier en plein mouvement contre le coût élevé des denrées alimentaires sur l’île, en compagnie de trois autres personnes dans l’enceinte de la résidence préfectorale dans le quartier huppé de Didier à Fort-de-France.
L’objectif était d’obtenir un entretien avec le ministre des Outre-mer d’alors, François-Noël Buffet, arrivé sur place le jour même pour une visite de quatre jours. Après un face-à-face tendu devant la porte de sa maison, le préfet Jean-Christophe Bouvier avait refusé d’accéder à la demande du RPPRAC.
Murielle Renar-Legrand, bâtonnière du barreau de Fort-de-France et avocate de quatre policiers qui se sont constitués parties civiles, a, quant à elle, tenté de dépolitiser le procès. Dénonçant les « dérives insupportables » d’un mouvement « parfaitement légitime », elle a ainsi assuré que « M. Petitot n’est pas un Robin des bois, il n’est pas Nelson Mandela. C’est juste un prévenu de droit commun ».
« La justice doit servir à autre chose qu’à museler la contestation sociale », a répliqué Me Mélanie Luce pour la défense. « On veut incarcérer le symbole de la vie chère », avait soutenu le prévenu la veille depuis son box. « Tout est fait pour éteindre le vrai combat », a estimé celui qui, dans un autre dossier, a été condamné en décembre à dix mois de prison ferme aménageable pour intimidation à l’encontre de maires.
« Je ne reconnais pas être auteur de violation de domicile. Je suis arrivé, la barrière était ouverte », a-t-il par ailleurs soutenu devant le tribunal. Le visionnage durant l’audience d’images de la caméra de surveillance et de plusieurs vidéos de l’incident a permis de confirmer ce point.
Les trois autres militants du RPPRAC mis en cause dans l’incident, qui avaient filmé la scène pour la diffuser en direct sur les réseaux sociaux, seront jugés le 31 mars. La décision du tribunal de Fort-de-France concernant Rodrigue Petitot a, elle, été mise en délibéré à vendredi à 8 heures locales (13 heures à Paris).
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