Mardi matin, dans l’émission matinale Bonjour chez vous sur Public Sénat, à laquelle participait Midi Libre, deux regards étaient posés sur le choix de Robert Ménard de ne pas marier, en juillet 2023, deux personnes, dont l’une est sous le coup d’une OQTF.
Deux regards comme deux lectures que l’on peut opposer à ce sujet qui fait débat. Ainsi le politologue Benjamin Morel plaçait sa réflexion du point de vue de ce que dit la loi. Celle actuellement en vigueur : “La loi n’a pas encore changé. Le rôle d’un maire, qui est une autorité de police administrative et qui est officier d’état civil, est de faire appliquer la loi, et de lui-même se l’appliquer. On avait eu un débat il y a quelques années quand Noël Mamère avait marié un couple homosexuel alors que ce n’était pas légal. Et il y avait eu annulation du mariage.”
“Un maire doit respecter la loi”
Il poursuit : “Un maire doit respecter la loi, un maire doit faire respecter la loi, quels que soient ses options idéologiques et ses états d’âme. En la matière, il a refusé d’appliquer la loi, il n’est pas dans son rôle, il est normal qu’il y ait des poursuites.”
Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, rétorquait : “Il y a la logique de la loi, il y a la logique de l’opinion publique. À travers les enquêtes, on voit bien que la question de l’immigration provoque plus de consensus qu’on ne le dit, le clivage gauche/droite s’est effondré sur cette question. La question d’expulser les personnes en situation irrégulière recueille l’assentiment de près des trois quarts des Français et une majorité de sympathisants de gauche. L’immigration pour les Français c’est une question de contrôle et d’impuissance publique. Avec les drames récents qui ont impliqué des personnes sous le coup d’une OQTF, l’opinion publique s’est très fortement durcie.”
Évolution de l’opinion publique
Une logique d’opinion qui veut, désormais, ainsi que l’exprimait Frédéric Dabi mardi matin sur Public Sénat, qu’”une personne en situation irrégulière n’a plus vocation à rester sur notre territoire”.
Cette évolution de l’opinion publique, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, et son homologue de la Justice, Gérald Darmanin, l’épousent également quand ils affirment soutenir la proposition de loi qui sera examinée ce jeudi par les sénateurs. Une proposition de loi visant à interdire les mariages avec des personnes en situation irrégulière sur le territoire français.
Ligne ferme du gouvernement
Une ligne ferme appuyée par deux hommes forts du gouvernement “très clairement soutenue par les Français” affirmait Frédéric Dabi. Qui note que “place Beauvau et la place Vendôme”, se trouvent deux ministères “très souvent vus comme antagonistes”, mais entre qui “il y a là une vraie convergence”.
Mais “le premier rôle d’un élu local c’est de faire respecter et d’appliquer lui-même la loi, que l’on soit maire de Béziers ou ministre de l’Intérieur” renchérissait encore Benjamin Morel.