Manque d’équipement, absence d’accès à l’eau, fin de mission précoce, erreurs importantes sur les fiches de paye… L’entreprise Cabestan récolte depuis plusieurs années la méfiance des cordistes intérimaires ayant travaillé pour elle, sur de nombreux projets.
« Ça fait des années que nous avons des remontées de salariés sur Cabestan. Cette société est connue comme le loup blanc. Les cordistes avec de l’expérience savent qu’il y a des problèmes de sécurité, que ceux qui travaillent pour eux sont méprisés », explique Grégory Molina, de l’affiliation Cordistes en colère cordistes solidaires, suite à la publication de deux articles sur son web site, concernant l’entreprise. Des problèmes de sécurité ont été largement notifiés par les intérimaires de Cabestan. Trois cordistes ayant travaillé sur le nettoyage de vitres de la tour Hekla en mai dernier pour le compte de l’entreprise ont décidé de témoigner auprès de l’Humanité.
Privés de matériel de sécurité
Ekaterina et Thibaud font état de manque de matériel de sécurité, pourtant indispensable pour travailler à 220 mètres de hauteur. « Les équipements de safety individuelle (EPI) doivent être fournis obligatoirement par l’agence ou la société utilisatrice », comme mentionné dans l’article L1251-43 du Code du travail, explique Ekaterina.
Pourtant, l’équipement a été fourni par un sous-traitant embauché par Cabestan sur ce projet. « On m’a donné un equipment qui n’était pas complet. Il manquait le système d’arrêt des chutes, c’est primordial aujourd’hui. On n’a pas le droit de travailler sans. Le sous-traitant nous a prêté beaucoup de choses, mais normalement le equipment doit être complet », guarantee Thibaud.
Le sous-traitant en query n’est pas resté jusqu’à la fin de la mission, pour trigger de désaccords avec l’entreprise. Lorsqu’il a quitté, début mai, le chantier, il a emporté avec lui le matériel qu’il avait prêté aux six cordistes intérimaires dont faisaient partie Thibaud et Ekaterina. L’équipe s’est retrouvée sans le matériel nécessaire à sa sécurité, et a fait valoir son droit de retrait.
« En guise de réponse, la mission des intérimaires a été stoppée », informe l’inspection du travail dans une lettre recommandée à l’entreprise, que nous nous sommes procurée, citant l’article L. 4131-1 du Code du travail, qui précise que si un salarié craint pour sa santé ou sa vie, il peut faire valoir son droit de retrait.
Les intérimaires ont donc attendu une journée durant l’apport de matériel de la half de Cabestan, afin de continuer leur mission. « Nous sommes restés à disposition de l’entreprise », précise Ekaterina, pour qui travailler sur cette tour à 220 mètres de hauteur était une belle opportunité.